La philosophe Hanna Pickard soulève un point important quant à la vision que porte la société sur la problématique de l’addiction1. En effet, la façon que l’on peut avoir d’observer cette question influence les implications qu’on lui attribue. Par exemple, si l’on défend le modèle de l’addiction comme maladie neurobiologique, alors il devient difficile d’attaquer les addicts sur un mauvais usage de leur libre-arbitre. Pour autant, si l’on croit au libre-arbitre, il devient difficile d’admettre qu’une maladie comme l’addiction ne puisse être individuellement combattue d’une manière ou d’une autre.

Je ne suis pas de ceux qui croient au libre-arbitre (et la raison est simple), mais je ne suis pas non plus de ceux qui ont un quelconque pouvoir quant aux financements des politiques publiques et des structures médico-sociales, ni par rapport au changement des lois relatives à la question. Il est donc important de considérer le point de vue de ceux qui attribuent un pouvoir d’agir, même limité, aux addicts. Il n’est pourtant pas possible, au regard des connaissances acquises jusqu’à aujourd’hui, de soutenir que l’addiction relève entièrement d’un problème moral. Nous allons voir qu’il y a beaucoup de choses à dire sur le plan purement médical, mais aussi psychologique, et que beaucoup de ces choses échappent autant aux premiers concernés qu’aux aidants.

Mes recherches sur l’addiction se concentrent sur l’utilisation de l’analyse philosophique, de la pratique clinique et de la science de l’addiction pour redresser la conception standard de l’addiction comme une maladie neurobiologique de la compulsion. Je soutiens que l’addiction est mieux caractérisée comme un trouble hautement hétérogène impliquant des choix de drogues qui, bien que déroutants à première vue, peuvent être expliqués en reconnaissant les multiples fonctions des drogues et en contextualisant les choix de drogues par rapport à une série de facteurs interactifs et individualisés. Outre l’état de manque ou la force de la motivation à consommer, ces facteurs comprennent : (1) la comorbidité psychiatrique, (2) les opportunités socio-économiques limitées, (3) les biais de prise de décision, (4) le déni et l’irrationalité motivée, et (5) le sentiment de soi et l’identité sociale. Je pense que nous devons réformer radicalement nos attitudes courantes à l’égard des drogues et de la dépendance et transformer la législation et les politiques2

L’explication qu’Hanna Pickard donne sur son site est d’après moi suffisamment explicite et pertinente, mais elle demande évidemment d’être creusée et détaillée. La fonction d’une drogue à un moment donné, chez une personne donnée, ne doit pas être négligée. Bien entendu il est bien pratique pour beaucoup de personnes de résumer l’usage de substances psychoactives à une activité mentale dérangée, à une force morale trop faible ou trop pervertie, à une vie difficile. Et en un sens ce n’est pas totalement faux. L’adversité vécue dans l’enfance a bel et bien un lien important avec l’usage problématique une fois la personne arrivée dans l’adolescence puis l’âge adulte3. Il ne faut donc pas écarter le fait qu’il y a souvent, à la racine des comportements autodestructeurs, un passif effectivement difficile.

Si nous étions témoins de la souffrance d’un enfant, il nous paraitrait normal d’essayer de soulager cette souffrance. Nous consacrerions une certaine énergie à trouver des solutions, nous chercherions à minima d’être présents et à l’écoute. Pourquoi en serait-il différemment pour un adulte vivant la même chose ? Pourquoi partir du principe que puisque c’est un adulte ce n’est plus si grave ? On peut faire l’hypothèse qu’on voit chez l’enfant un certain potentiel à ne pas gâcher, on peut encore rattraper les choses. Chez l’adulte, ça semble foutu et on n’essaie même pas. Il y a une certaine logique, mais dans une société dont le carburant est l’émotion, cela me paraît moins logique tout d’un coup.

Ne sachant personnellement pas où placer une limite entre l’enfant et l’adulte (en partant du principe qu’il faudrait une limite), je préfère considérer que la souffrance de l’un n’est pas au-dessus ou au-dessous de celle de l’autre. Bien sûr il faut adapter les réponses, les deux profils étant différents à bien des égards, mais il me paraît absurde de hiérarchiser la souffrance sur la seule base de l’âge.

Le lien entre le sujet de l’addiction et ce que je déroule ici peut paraître étrange pour certains, mais selon moi il serait terrible de considérer l’adversité vécue dans l’enfance uniquement pour les enfants, puisqu’il est dans l’ordre des choses que ces enfants deviennent un jour des adultes. Pourquoi se préoccuper de ces individus seulement avant leurs 18 ans ? Ils continuent à vivre et à porter ces expériences durant de nombreuses années après l’âge de la majorité. Il me semble donc indispensable de s’intéresser de près à ce qui se passe dans l’enfance pour voir les conséquences à l’âge adulte.

Mais ici, le sujet est l’addiction. Et par extension, nous nous intéresseront aux drogues ainsi qu’à leurs fonctions. En effet, Hanna Pickard le décrit bien, ces fonctions sont nombreuses et nous permettent de mieux saisir toute la complexité de l’usage de drogue.

Parallèlement à des facteurs tels que les attentes culturelles et la disponibilité des drogues, les drogues offrent des moyens d’atteindre de nombreux objectifs dont la valeur est évidente. Christian Muller et Gunter Schumann4 délimitent les sept fonctions suivantes, clairement documentées, des drogues, en identifiant les types communs de substances psychoactives et les mécanismes neuropharmacologiques pertinents pour chacune d’elles : (1) amélioration des interactions sociales ; (2) facilitation de l’accouplement et du comportement sexuel ; (3) amélioration des performances cognitives et lutte contre la fatigue ; (4) facilitation de la récupération et de la gestion du stress psychologique ; (5) automédication des problèmes de santé mentale ; (6) curiosité sensorielle – élargissement des horizons expérimentaux ; et, enfin (et de la manière la plus évidente), (7) euphorie et hédonie. En outre, on peut soutenir que les drogues peuvent offrir aux personnes socialement isolées et ostracisées un sentiment d’identité personnelle et une communauté à laquelle appartenir. Les relations et les liens réciproques entre les membres de groupes d’usagers de drogues très vulnérables et marginalisés sont frappants et forts. Je discute plus loin de l’identité personnelle et de la communauté. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que les drogues ne procurent pas seulement du plaisir, mais qu’elles remplissent également de nombreuses autres fonctions précieuses : les drogues ont de multiples avantages5

Pickard, H. (2018). The puzzle of addiction. In The Routledge handbook of philosophy and science of addiction (pp. 9-22). Routledge.

Loin des caricatures anti-drogues et stigmatisant les addicts, force est de constater que l’usage de drogues est fortement contextuel et plein de sens. L’usage n’est pas la simple manifestation de démons intérieurs et d’un manque total de contrôle de soi, mais bien une manière de faire avec une certaine souffrance, d’expérimenter, ou de simplement s’amuser. Dans un autre article traitant de l’addiction, nous avons déjà vu que la majorité des consommateurs ne remplissait pas les critères de l’addiction, ce qui est un indicateur intéressant concernant l’image stéréotypée des drogues et des consommateurs.

Si des vérités inconfortables existent, nous devons les rechercher et leur faire face comme des adultes intellectuels, plutôt que d’esquiver leur étude ou de fabriquer des théories philosophiques dont la seule vertu est de nous rassurer sur la véracité de nos croyances pré-établies.6 

Joyce, R. The Evolution of Morality isbn : 978-0-262-60072-9 (MIT Press, Cambridge, Mass., 2006).

Herbe du diable ou opium du peuple, l’essence maléfique de la drogue.

Le point de vue des personnes « anti-drogues » ou « anti-légalisation » est-il justifié ? Ont-ils raison d’avoir peur de la drogue ? Consommer n’est-il réellement qu’une manière d’échapper à la réalité ? Est-ce que cela flingue vraiment le cerveau ?

L’usage de drogue dans le monde réel sera toujours plus complexe que dans un environnement contrôlé avec des rats ou des volontaires humains. La relation qu’ont les hommes et les femmes avec la drogue est sous-tendue par de nombreux facteurs tous complexes eux aussi. Culture et société, religion et croyances, psychologie individuelle et cognition, neurobiologie et génétique. L’addiction résulte nécessairement de la rencontre entre un individu et une substance, mais l’apparition de cette addiction dépend fortement de tous ces facteurs contextuels7.

De plus, le stigma qui recouvre la personne identifiée comme addict est un facteur aggravant l’addiction. Comme le dit Nora Volkow,

Dans un sens, le traitement stigmatisant des personnes qui consomment des drogues, comme le fait de les ignorer ou de les rejeter, peut être l’équivalent d’un choc électrique dans le cycle de la toxicomanie : il s’agit d’une puissante pénalité sociale qui incite à consommer davantage de drogues8.

Volkow, N. D. (2020). Stigma and the toll of addiction. New England Journal of Medicine, 382(14), 1289-1290.

Nous avons déjà vu à quel point le stigma peut être dévastateur dans l’article sur le sentiment d’insécurité. Il est très lié aux stéréotypes, ce qui donne déjà une piste d’amélioration au niveau sociétal : changer l’image que l’on a des addicts. C’est aussi important de comprendre le cercle vicieux enclenché : « je le perçois comme ça parce que c’est un addict » ; mais « il se comporte comme ça parce que la société le voit comme ça ». On pourrait débattre durant des heures sur lequel de ces éléments est arrivé le premier, mais il est difficile de nier que la législation en vigueur a un impact considérable sur la qualité de vie des personnes souffrant d’addiction, ce qui renforce nécessairement des attitudes et des comportements chez eux qui viennent malheureusement confirmer ce que beaucoup pensent d’eux. Il est donc important de chercher à casser ces cercles vicieux.

Mais pour changer la situation, il faut comprendre d’où vient ce stigma. Est-ce les addicts en eux-mêmes qui sont stigmatisés ou bien est-ce l’usage de drogue ? Difficile à dire, et j’imagine que pour beaucoup ça ne change pas grand chose, c’est pareil tout compte fait. Pourtant il existe des explications sociales et neurobiologiques pour cette question. Le stigma se transmet comme un virus dont il serait difficile de se défaire, c’est-à-dire que si une drogue est considérée comme mauvaise, et qu’une personne en consomme, alors la personne sera probablement considérée comme mauvaise. Cela a beaucoup à voir avec le mécanisme neurobiologique du dégoût.

Stigma et dégoût.

Paul Rozin et son équipe ont montré en 1994 un triste exemple de ce que je viens de dire juste avant. Il a montré que le dégoût physique, lorsqu’une personne voit des aliments pourris, a un impact direct sur la vision morale, et les jugements moraux se trouvent alors durcis9. On retrouve cela aussi chez les enfants10, ce qui indique une pré-disposition à confondre dégoût moral et physique, bien qu’il faille tout de même en faire l’apprentissage, ce qui se fait par les parents, les pairs, les médias…

Mais qu’est-ce que le dégoût ? Il influence notre comportement et nos interactions sociales, le choix de nos amis, de nos partenaires sexuels, les groupes sociaux auxquels nous adhérons et que nous soutenons, la façon dont nous choisissons ce que nous mangeons, les vêtements que nous portons, la musique que nous écoutons et probablement nos concepts de moralité11.

Le dégoût peut être considéré comme un « système de motivation » qui a évolué pour détecter les signes d’agents pathogènes, de parasites et d’autres agents infectieux, ainsi que ceux de toxines et d’autres contaminants, et pour stimuler les comportements d’évitement qui réduisent le risque de leur acquisition12.

Paul Rozin a trouvé que la plupart des gens avaient des sentiments plutôt forts à propos de la contamination. La plupart des gens, par exemple, ont un dégoût viscéral à propos du fait d’avaler ce qui vient de sortir d’une bouche humaine. Nous ne voulons pas toucher des choses ayant été en contact avec la terre, une maladie ou un cadavre. Que ces réactions soient gouvernées par différents codes est fortement suggéré par le fait que nous avons ces réactions même quand nous savons consciemment qu’elles n’ont aucun sens. Ma propre bave est inoffensive pour moi ; un pull dans lequel un homme est mort ne va pas me tuer. Mais des codes ayant évolué bien avant l’esprit conscient me remplissent de dégoût à la vue de ces images.

BERREBY David, Us & Them, p. 241.

Nous savons également que la sensibilité au dégoût (c’est-à-dire la facilité avec laquelle on peut être dégoûté en général) est un prédicteur de certaines « opinions », notamment la désapprobation de l’homosexualité13.

Une explication possible réside dans le rôle que le dégoût a joué dans les perceptions des groupes extérieurs considérés comme violant les normes culturelles, en particulier les normes liées à la propreté de la préparation des aliments et au comportement sexuel. Schaller et ses collègues14 ont soutenu qu’au cours de l’évolution humaine, les gens ont développé un « système immunitaire comportemental » qui fonctionne pour les protéger de l’exposition à de nouveaux pathogènes ou parasites. Les individus appartenant à des groupes inconnus, en particulier ceux qui ont des pratiques inhabituelles en matière d’alimentation, de propreté et de sexe, présentent un risque plus élevé d’être porteurs de nouveaux agents infectieux (et donc particulièrement dangereux). La perception de tels individus activerait donc le système immunitaire comportemental et provoquerait un comportement d’évitement et l’émotion de dégoût qui l’accompagne. Il est important de noter que cet argument ne part pas du principe que tous ou même la plupart de ces groupes extérieurs présentent effectivement un risque d’infection. Mais comme les risques de ne pas détecter un individu contagieux (maladie grave et éventuellement décès prématuré) l’emportent largement sur le coût de l’identification erronée d’un individu inoffensif comme étant contagieux, on pourrait s’attendre à ce que le système immunitaire comportemental fasse preuve d’hypervigilance. Cette hypervigilance peut être particulièrement aiguë chez les personnes qui sont particulièrement sensibles au dégoût, l’émotion qui commande le système d’évitement comportemental.

Il n’est donc pas une surprise que les conservateurs soient plus facilement dégoûtés que les libéraux15. On retrouve effectivement plus souvent chez les conservateurs des positions morales sur l’homosexualité ou l’avortement s’appuyant en grande partie sur le dégoût lié au comportement des gays et des femmes qui avortent. Pour autant, le dégoût est loin d’être exclusif aux conservateurs, parce que la où un homophobe sera dégoûté par l’orientation ou l’identité sexuelle d’une personne, un libéral pourra être dégoûté par les propos et comportements de l’homophobe.

Et bien entendu, la société n’est pas clairement divisée en deux, opposant le côté des conservateurs et celui des libéraux. Il est possible d’avoir des idées plutôt conservatrices sur un sujet, et des idées plus libérales sur d’autres. De plus, il existe un phénomène qui favorise la tendance des gens à devenir conservateur à mesure qu’ils vieillissent sans même qu’ils changent particulièrement de point de vue sur le monde16.

Les personnes souffrant d’addiction, vous l’aurez aisément compris (et vous le saviez sûrement déjà), ne sont donc pas les seuls à subir ce type de stigma, de rejet et de regards dégoûtés (et au mieux apitoyés). Les homosexuels, les handicapés, les trans, les étrangers, les personnes ayant des physiques atypiques ou des parcours de vie difficiles, souffrant de maladies plus ou moins visibles, etc. Les personnes dégoûtés par ces individus voient d’abord une image qui les dégoûte avant de voir leur humanité. Pour certains même, le plus écœurant serait de se dire qu’ils font effectivement partie de l’humanité.

Il sera difficile à beaucoup d’entre vous, comme ça l’est pour moi, de malgré tout accepter qu’une bonne partie des gens ressentant cela pour ces personnes stigmatisées ne le font pas exprès. C’est une facilité d’apprentissage dès le plus jeune âge associé à une éducation et un bain culturel qui provoque ce genre de réaction et d’habitus. Mais il faut y voir là une lueur d’espoir : s’ils ne font pas exprès et qu’ils ne cherchent pas activement à être comme ça, cela rend les choses plus simples pour améliorer la situation sociétale quant à ces questions de stigmatisation et de stéréotypes. Mon article sur le fait de changer d’avis peut sembler pessimiste sur la possibilité de changement, mais force est de constater qu’avec le temps, de nombreuses minorités ont tout de même fini par obtenir des droits et ont pu enfin assumer leur identité publiquement. Le changement est lent, mais il s’opère.

Pourquoi consommer des drogues ?

Maintenant que l’on comprend mieux pourquoi les addicts sont perçus de manière négative, il est intéressant de comprendre pourquoi ils consomment. Nous allons voir que ce n’est pas aussi simple que : « ils consomment pour oublier » ou « ils consomment parce qu’ils ont un problème mental ». Nous allons pouvoir nous servir des différents points énumérés par Hanna Pickard qu’elle retient de Christian Muller et de Gunter Schumann. Faisons une liste, j’aime les listes.

Hanna Pickard considère que l’addiction serait mieux caractérisée comme impliquant des choix pouvant être expliqués en reconnaissant les fonctions que servent les drogues et en les contextualisant avec d’autres facteurs, incluant les troubles psychiatriques, les opportunités socio-économiques limitées, une myopie dans la prise de décision, le déni et l’identité personnelle. Cette liste est fortement détaillée dans un papier de 2020 écrit par Chrisitan Müller, où il rajoute deux points supplémentaires :

1. Amélioration des interactions sociales.

Beaucoup de personnes consomment de l’alcool pour lubrifier les liens sociaux en soirée17, d’autres se sont mis à fumer du tabac pour faire comme les autres et pour ne pas être seuls à la pause au boulot18, d’autres encore aiment beaucoup les entactogènes comme la MDMA pour cette sensation de se sentir plus proches des autres19. De nombreuses études sont en ce moment même conduites sur les effets des psychédéliques20, de la MDMA21 ou encore de la psilocybine22 afin d’étudier les effets thérapeutiques de ces substances. Bien entendu, comme je le disais plus haut, l’environnement contrôlé dans lequel on teste ces substances avec une thérapie associée est bien différent de l’environnement réel des gens qui consomment régulièrement ou non. Pour autant les données vont toutes dans le même sens, il y a un potentiel énorme et il suffit de faire un tour sur les subreddits relatifs aux drogues ou encore Erowid pour voir que beaucoup de gens retirent des expériences positives de leurs consommations, qu’ils soient seuls ou entourés d’ailleurs.

2. Facilitation de l’accouplement et du comportement sexuel.

De la même manière que de nombreuses drogues aident sur le plan social, beaucoup permettent une deshinibition parfois nécessaire pour certaines personnes afin de démarrer une relation sexuelle. Bien sûr il peut y avoir un effet pervers où l’on associe la sexualité avec la drogue (comme dans le cas de nombreux chemsexeurs ayant du mal à coucher sans subsances). Bien qu’il y ait des consommations trop importantes, il y en a aussi des modérées. Déjà une simple bière peut permettre d’être plus loquace et d’oser se lancer (et la modération est bien le maitre mot ici, puisque trop boire peut rendre les gens cons et même empêcher l’érection). Etre trop intoxiqué apporte son lot de risques, que ce soit avec l’alcool23, les opiacés ou encore un entactogène comme la MDMA ou une cathinone. Pour autant le fait est que consommer une substance peut rendre une expérience sexuelle plus intense et appréciable, même ponctuellement.

3. Amélioration des performances cognitives et lutte contre la fatigue.

Des étudiants consomment de la ritaline pour préparer un partiel, des serveurs consomment de la cocaïne pour performer et tenir la cadence, des routiers seraient prêts à s’injecter de la caféine dans les veines… Les stimulants24 sont prisés par la plupart des gens, de la nicotine à la cocaïne en passant par l’amphétamine parfois prescrite (je vous renvoie à mon article sur le TDA/H pour creuser la question des stimulants comme traitement).

4. Facilitation de la récupération et de la gestion du stress psychologique.

Arrivé ici, on a compris la logique. Il existe des effets recherchés dans la plupart des domaines psychologiques dans lesquels les gens ont un intérêt personnel. Le cannabis par exemple aide certaines personnes à s’endormir, d’autres ont besoin de benzodiazépines pour leur action gaba-érgique (freiner leur activite mentale, en gros). On, a pu voir dans l’article sur le sommeil les effets d’un manque de celui-ci. Chacun ayant une vie, une expérience et un monde mental unique (même si semblable aux autres humains), il y a autant de raisons de stresser et donc de consommer (ce qui ne veut évidemment pas dire que tout le monde doit ou même peut consommer, mais des raisons existent néanmoins).

5. Automédication des problèmes de santé mentale.

Il n’est effectivement pas rare que des personnes consomment afin d’atténuer un trouble mental25, notamment à cause de douleurs26. Cela comporte de nombreux risques, comme celui de prendre une drogue pouvant aggraver un trouble mentale, ou bien démarrer une addiction aux antidouleurs opioïdes par exemple. Cependant, une fois de plus, ce n’est pas sans raison que la consommation a commencé et il est donc important de prendre en compte que la personne a pu faire son propre calcul des pours et des contres. Il peut être rationnel de choisir d’avoir une addiction si cela permet d’éviter autre chose que l’on considère pire (même si, d’un regard extérieur, cela peut paraître insensé ou dangereux).

6. Curiosité sensorielle, élargissement des horizons expérimentaux.

Certains s’identifient comme des psychonautes, des explorateurs de leur propre psyché. D’autres cherchent simplement à voir le monde différement27. Terrence McKenna et Timothy Leary sont par exemple connus pour avoir fait la promotion des psychédéliques, dans une optique d’ouverture d’esprit.

7. Euphorie et hédonisme.

Ce dernier point va de pair avec le précédent. Beaucoup de gens consomment des drogues parce que ça leur fait tout simplement plaisir et qu’ils en retire souvent une expérience positive et bénéfique. De plus, une consommation peut entraîner une amélioration de l’humeur, qui sans être forcément nécessaire est un effet agréable. Bien sûr le plaisir n’est jamais simple à comprendre et interpréter, puisque certains peuvent aimer souffrir, et que le plaisir peut précéder l’addiction28.

8. Attractivité et apparence physique améliorées.

De nombreuses personnes consomment certaines substances afin de faciliter leur changement physique pour mieux coller aux canons de beauté. Ainsi les stimulants comme la nicotine ou les amphétamines sont parfois utilisés pour perdre du poids, notamment chez les femmes29. Chez les hommes c’est plutôt la testostérone qui va être utilisée afin de développer les muscles et l’estime de soi30.

9. Facilitation des activités religieuses et spirituelles.

Avec les drogues hallucinogènes, il est possible de vivre des « expériences mystiques », c’est-à-dire des expériences où l’on aura l’impression d’avoir vécu une connexion intense avec la nature et/ou le divin31. Cela peut se faire dans le cas de rituels religieux ou bien dans le cadre d’une expérience personnelle. Et comme en attestent de nombreux trip reports sur erowid ou même r/drugs, ce n’est pas sans risque que de modifier à ce point sa perception même sur un temps très court, tant l’expérience peut être « life-changing » (littéralement modifier durablement la vision que l’on a du monde, une sorte d’intospection extrême)32.

Christian Müller conclue ainsi son papier :

Les substances psychoactives ayant un potentiel de dépendance sont largement utilisées par des personnes de pratiquement toutes les cultures de manière non addictive. Pour comprendre ce comportement, sa pénétration dans la population et sa persistance, l’instrumentalisation des drogues a été proposée comme moteur de cette consommation. Un petit pourcentage de personnes qui instrumentalisent régulièrement des drogues psychoactives font une transition vers la dépendance, qui commence souvent par des changements qualitatifs et quantitatifs dans les objectifs d’instrumentalisation. Ainsi, il est proposé que l’addiction se développe à partir d’une instrumentalisation des drogues préalablement établie à long terme. Ainsi, la prévention et le traitement de la toxicomanie par une approche de médecine individualisée peuvent essentiellement passer par la compréhension et le soutien non pharmacologique des objectifs personnels d’instrumentalisation.

Müller, C. P. (2020). Drug instrumentalization. Behavioural Brain Research, 390, 112672. doi:10.1016/j.bbr.2020.112672

Pour finir, que devrions-nous penser, donc, des personnes ayant sciemment choisi de consommer et qui se retrouvent désormais avec une addiction ?

Responsabilité sans blâme.

Si on ne tient pas compte de l’inexistence du libre-arbitre, il est important d’admettre qu’un acte quel qu’il soit prend racine dans un choix plus ou moins éclairé. Ainsi, au cas par cas, il faudrait attribuer un certain pourcentage de décision consciente, mais je vais ici partir du principe que l’on va parler des personnes qui ont « choisi » de consommer au premier abord, avant de souffrir d’une addiction. De nombreux facteurs influencent grandement le début d’une consommation comme la personnalité33, l’adversité vécue dans l’enfance et les carences affectives34, la résistance au stress35, etc. Les fonctions détaillées plus tôt vous permettent d’imaginer aisément ce qui peut pousser quelqu’un à consommer (et gardez en tête qu’une consommation peut rassembler plusieurs fonctions à la fois).

Lorsqu’une personne « tombe dedans », qu’elle développe une addiction, une partie de la société cherche un coupable (et c’est souvent l’addict lui-même qui est pointé du doigt, comme s’il avait 100% de décision consciente là dedans, autrement dit beaucoup considèrent que le libre arbitre est total dans ce contexte).

Pour conclure, les mots d’Hanna Pickard dans un article de 2017 sont suffisamment explicites et bien écrits pour résumer tout ce qui vient d’être dit.

Marc Lewis a diagnostiqué un véritable dilemme : le modèle de la maladie n’est ni crédible face aux preuves ni utile dans la mesure où il déresponsabilise les toxicomanes ; mais, avec l’influence continue du modèle moral sur notre pensée, un modèle de choix invite au blâme et à la stigmatisation en attribuant l’agence et la responsabilité aux toxicomanes. En réponse, il a choisi de prendre ses distances par rapport aux deux modèles. Mais il s’agit là d’une position instable, compte tenu de la preuve que les toxicomanes réagissent aux incitations et de l’importance de l’agence et de la responsabilité – à côté d’autres facteurs, bien sûr – pour surmonter la dépendance. Nous devons accepter un modèle de choix de la dépendance, même s’il est tout aussi crucial de contextualiser les choix et de comprendre les différentes manières dont le contrôle, l’agence, et donc la responsabilité, peuvent être réduits dans la dépendance.

Cependant, l’acceptation d’un modèle de choix de la dépendance entraîne un fardeau moral. Étant donné qu’il invite au blâme et à la stigmatisation, il est obligatoire de veiller à ce qu’il soit rejeté. Les modèles de choix de la dépendance devraient donc être associés à une pratique consistant à interroger nos propres attitudes à l’égard de la dépendance, ainsi qu’à un engagement à œuvrer pour la justice sociale. Le modèle clinique de la responsabilité sans blâme ouvre cette possibilité en distinguant mieux notre concept de responsabilité de celui de blâme, contribuant ainsi à bloquer toute tendance immédiate à glisser de l’un à l’autre – en théorie et en pratique. Mais la tâche difficile demeure, celle de faire évoluer les mentalités et de lutter pour le bien social. Je voudrais conclure en faisant un petit pas vers cet objectif, en diagnostiquant comment un choix forcé entre le modèle moral et le modèle de la maladie fonctionne pour nous empêcher de réfléchir à la part que nous avons, en tant que société, dans la consommation de drogues et la toxicomanie.

Supposons que nous commencions par poser une question directe pour remettre en question le modèle moral : Qu’est-ce qui est précisément censé être mauvais dans la consommation de drogues ? Tout au long de l’histoire de l’humanité, les drogues ont été utilisées comme moyen d’atteindre une foule de fins utiles, dont au moins les suivantes : (1) amélioration des interactions sociales ; (2) facilitation de l’accouplement et des rapports sexuels ; (3) amélioration des performances cognitives ; (4) facilitation de la récupération et de la gestion du stress ; (5) automédication des émotions négatives, de la détresse psychologique et d’autres problèmes et symptômes de santé mentale ; (6) curiosité sensorielle – élargissement de l’horizon expérimental ; et, enfin, (7) euphorie et hédonie – en d’autres termes, plaisir [60]. Les drogues nous font nous sentir bien, soulagent la souffrance et nous aident à faire diverses choses que nous voulons mieux faire. Si l’on adhère aux valeurs libérales fondamentales, où la liberté individuelle de rechercher une multiplicité de biens est respectée tant que cela ne nuit pas à autrui, il est difficile de voir ce qu’il y a de mal à consommer des drogues en soi [61]. En d’autres termes, en règle générale, la consommation de drogues ne devient problématique que si elle entraîne les conséquences négatives caractéristiques de la dépendance – les dommages chroniques et graves causés à soi-même et aux autres. Pour la grande majorité des personnes qui consomment des drogues, leur consommation ne s’intensifie jamais et n’atteint pas ce stade : la consommation est gérée de manière à ce que les bénéfices soient supérieurs aux coûts et qu’aucun préjudice évident (ou injustifiable par rapport aux bénéfices) ne soit subi par quiconque.

Supposons maintenant que nous posions une autre question directe : Lorsque la consommation s’intensifie jusqu’à la dépendance, qui doit être tenu responsable des conséquences négatives qui en découlent ? Selon le modèle moral, ce sont les toxicomanes eux-mêmes qui sont non seulement responsables, mais aussi à blâmer, car ils sont considérés comme des personnes de mauvaise moralité aux valeurs antisociales. Selon le modèle de la maladie, les toxicomanes ne sont ni responsables ni à blâmer ; leur état est le résultat d’une maladie qui s’est installée, et les conséquences négatives de la consommation de drogues ne sont donc la faute de personne – dans la mesure où nous pouvons « blâmer » quelque chose, c’est la maladie elle-même. En tant que partisan d’un modèle de choix de la dépendance, je ne nie pas, bien sûr, qu’une certaine responsabilité – mais, surtout, une responsabilité distincte du blâme – incombe aux toxicomanes eux-mêmes ; bien qu’il soit important de se rappeler qu’il y aura parfois des justifications ou des excuses complètes ou partielles, par exemple, celles liées à la nécessité de contextualiser les choix et de reconnaître comment et quand le contrôle peut être réduit. Le point que je souhaite souligner cependant est que, en plaçant la responsabilité sur les toxicomanes ou leur maladie respectivement, les deux modèles sont unis pour nous permettre de détourner notre attention de nous-mêmes et de notre société, en évitant la question de savoir si nous, en tant que société, portons aussi collectivement une certaine responsabilité dans la consommation de drogues et la toxicomanie et les dommages qui en découlent.

Portons-nous collectivement cette responsabilité ? Comme nous l’avons vu plus haut, un nombre disproportionné de toxicomanes sont issus de milieux socio-économiques défavorisés, ont souffert d’abus et d’adversité dans leur enfance, sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et sont membres de groupes ethniques minoritaires ou d’autres groupes victimes de préjugés et de discrimination. Ils peuvent souffrir d’une détresse psychologique extrême et d’une multitude de problèmes de santé mentale autres que leur dépendance, ressentir un manque d’intégration psychosociale et être défavorisés sur le plan socio-économique, de sorte que leurs possibilités sont très limitées. Ces circonstances sont essentielles pour comprendre la dépendance dans de nombreux contextes. En termes simples, la raison en est que les drogues offrent un moyen de faire face au stress, à la douleur et à certaines des pires misères de la vie, lorsqu’il y a peu de possibilités d’espoir ou d’amélioration véritables et que les biens alternatifs proposés sont limités. Dans de telles circonstances, les inconvénients de la consommation de drogues doivent être mis en balance avec les inconvénients de la non-utilisation. C’est pourquoi l’explication de la dépendance et des conséquences négatives qui lui sont associées réside en grande partie dans les circonstances psycho-socio-économiques qui causent cette souffrance et limitent les possibilités. Et l’existence de ces circonstances est une caractéristique de notre société dont nous devons tous collectivement assumer la responsabilité, car nous la tolérons.

On peut donc considérer que le modèle moral et le modèle de la maladie de la dépendance fonctionnent tous deux comme une défense psychologique – nous empêchant de concentrer notre attention sur l’existence de ces circonstances et sur leur rôle dans l’explication de la consommation de drogues et de la dépendance, et maintenant ainsi à distance la conscience de notre propre responsabilité collective pour ces faits. L’une des raisons pour lesquelles nous blâmons et stigmatisons les toxicomanes pour leurs choix est peut-être que c’est plus confortable que de faire face aux aspects de notre société qui font que les drogues – quel qu’en soit le coût – sont une si bonne option pour beaucoup de nos membres déjà vulnérables et défavorisés.

Pickard, H. (2017). Responsibility without blame for addiction. Neuroethics, 10(1), 169-180.

A quoi bon blâmer si tout le monde a sa part de responsabilité puisque tout le monde a un rôle à jouer dans la question des addictions ? Chaque action individuelle s’ajoute à celle des autres citoyens. Nous avons tous un impact sur de nombreuses questions, bien évidemment cette logique n’est pas exclusive à la question de l’addiction et de la consommation de substances. Ecologie, démocratie, économie, tous ces sujets fonctionnent peu ou prou de la même manière, chaque personne est un engrenage de ces phénomènes complexes. Et bien entendu, peu importe le sujet, tout n’est pas blanc ou noir, bien ou mal. Les drogues remplissent des fonctions, et les sociétés humaines ont longtemps développés tout un tas de choses pour améliorer la qualité de vie globale, et parmi ces choses se trouvent les drogues. D’abord découvertes dans la nature, on a rapidement appris à les synthétiser, à améliorer la manière de les faire parvenir jusqu’au cerveau.

C’est comme les technologies : la voiture c’est pratique et tout le monde est content de ne pas avoir à marcher comme le faisaient nos ancêtres, mais cela a un coût, sociétal et individuel. Pollution, accidents de la route, embouteillages, etc. Pour l’énergie c’est pareil, pour la nourriture c’est pareil. Chaque nouveauté vient avec des avantages et des inconvénients, mais il faut avoir l’honnêteté de choisir les mêmes critères pour chacune de ces nouveautés.

Pourquoi juger moralement la consommation de drogues quand on juge économiquement ou écologiquement les énergies, la nourriture ou la voiture ? Pourquoi le nombre de décès serait un argument pour interdire les drogues et pas les voitures ? Pourquoi la pollution serait-elle un argument pour interdire les drogues et pas toute une partie de notre modèle de consommation ? Pourquoi interdire la drogue sur un motif de santé publique et pas la malbouffe et le sucre ? Des exemples il en existe des dizaines voire des centaines, et le plus souvent la drogue est souvent moins nocives que beaucoup de choses légales dont on pourrait très bien se passer pour vivre.

La question de la drogue a toujours été une question morale plutôt qu’autre chose, et rien ne justifie qu’on traite cette question différemment du reste.


[1] Pickard, H. (2020). What we’re not talking about when we talk about addiction. Hastings center report, 50(4), 37-46.

[2] : https://www.hannapickard.com/addiction.html

[3] : Dube, S. R., Felitti, V. J., Dong, M., Chapman, D. P., Giles, W. H., & Anda, R. F. (2003). Childhood abuse, neglect, and household dysfunction and the risk of illicit drug use: the adverse childhood experiences study. Pediatrics, 111(3), 564-572. ;

Chandler, G. E., Kalmakis, K. A., & Murtha, T. (2018). Screening adults with substance use disorder for adverse childhood experiences. Journal of addictions nursing, 29(3), 172-178. ;

Petruccelli, K., Davis, J., & Berman, T. (2019). Adverse childhood experiences and associated health outcomes: A systematic review and meta-analysis. Child Abuse & Neglect, 97, 104127. doi:10.1016/j.chiabu.2019.104127 

[4] : Muller, C. P. and Schumann, G. (2011) Drugs as instruments: a new framework for non-addictive psychoactive drug use. Behavioural and Brain Sciences 34(6): 293–310.

[5] : Pickard, H. (2018). The puzzle of addiction. In The Routledge handbook of philosophy and science of addiction (pp. 9-22). Routledge.

[6] : Joyce, R. The Evolution of Morality isbn : 978-0-262-60072-9 (MIT Press, Cambridge, Mass., 2006).

[7] : Crocq, M. A. (2007). Historical and cultural aspects of man’s relationship with addictive drugs. Dialogues in clinical neuroscience, 9(4), 355-361.

[8] : Volkow, N. D. (2020). Stigma and the toll of addiction. New England Journal of Medicine, 382(14), 1289-1290.

[9] : Rozin, P., Markwith, M., & McCauley, C. (1994). Sensitivity to indirect contacts with other persons: AIDS aversion as a composite of aversion to strangers, infection, moral taint, and misfortune. Journal of Abnormal Psychology, 103(3), 495.

[10] : Danovitch, J., & Bloom, P. (2009). Children’s extension of disgust to physical and moral events. Emotion, 9(1), 107.

[11] : Chapman, H. A., & Anderson, A. K. (2012). Understanding disgust. Annals of the New York Academy of Sciences, 1251(1), 62-76. ;

Curtis, V. A. (2014). Infection-avoidance behaviour in humans and other animals. Trends in immunology, 35(10), 457-464.

[12] : Kavaliers, M., & Choleris, E. (2018). The role of social cognition in parasite and pathogen avoidance. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 373(1751), 20170206.

[13] : Inbar, Y., Pizarro, D. A., Knobe, J., & Bloom, P. (2009). Disgust sensitivity predicts intuitive disapproval of gays. Emotion, 9(3), 435–439. doi:10.1037/a0015960 ;

Terrizzi, J. A., Shook, N. J., & Ventis, W. L. (2010). Disgust: A predictor of social conservatism and prejudicial attitudes toward homosexuals. Personality and Individual Differences, 49(6), 587–592. doi:10.1016/j.paid.2010.05.024 

[14] : Faulkner, J., Schaller, M., Park, J. H., & Duncan, L. A. (2004). Evolved disease-avoidance mechanisms and contemporary xenophobic attitudes. Group Processes and Intergroup Behavior, 7, 333–353 ;

Park, J. H., Faulkner, J., & Schaller, M. (2003). Evolved disease-avoidance processes and contemporary anti-social behavior: Prejudicial attitudes and avoidance of people with physical disabilities. Journal of Nonverbal Behavior, 27, 65– 87 ;

Schaller, M., & Duncan, L. A. (2007). The behavioral immune system: Its evolution and social psychological implications. In J. P. Forgas, M. G. Haselton, & W. von Hippel (Eds.), Evolution and the social mind: Evolutionary psychology and social cognition (pp. 293–307). New York: Psychology Press.

[15] : Inbar, Y., Pizarro, D. A., & Bloom, P. (2009). Conservatives are more easily disgusted than liberals. Cognition & Emotion, 23(4), 714–725. doi:10.1080/02699930802110007 ;

Inbar, Y., Pizarro, D., Iyer, R., & Haidt, J. (2012). Disgust sensitivity, political conservatism, and voting. Social Psychological and Personality Science, 3(5), 537-544. ;

Elad-Strenger, J., Proch, J., & Kessler, T. (2020). Is disgust a “conservative” emotion? Personality and Social Psychology Bulletin, 46(6), 896-912.

[16] : Peterson, J. C., Smith, K. B., & Hibbing, J. R. (2019). Do People Really Become More Conservative as They Age? The Journal of Politics. doi:10.1086/706889 

[17] : Morris, E. P., Stewart, S. H., & Ham, L. S. (2005). The relationship between social anxiety disorder and alcohol use disorders: A critical review. Clinical psychology review, 25(6), 734-760.

[18] : Simons-Morton, B. G., & Farhat, T. (2010). Recent findings on peer group influences on adolescent smoking. The journal of primary prevention, 31(4), 191-208.

[19] : Lyubomirsky, S. (2022). Toward a new science of psychedelic social psychology: The effects of MDMA (ecstasy) on social connection. Perspectives on Psychological Science, 17(5), 1234-1257.

[20] : Luoma, J. B., Chwyl, C., Bathje, G. J., Davis, A. K., & Lancelotta, R. (2020). A Meta-Analysis of Placebo-Controlled Trials of Psychedelic-Assisted Therapy. Journal of Psychoactive Drugs, 1–11. doi:10.1080/02791072.2020.1769878 ;

Ko, K., Kopra, E. I., Cleare, A. J., & Rucker, J. J. (2022). Psychedelic therapy for depressive symptoms: A systematic review and meta-analysis. Journal of Affective Disorders. ;

Marks, M., & Cohen, I. G. (2021). Psychedelic therapy: a roadmap for wider acceptance and utilization. Nature Medicine, 27(10), 1669-1671. ;

Zeifman, R. J., Yu, D., Singhal, N., Wang, G., Nayak, S. M., & Weissman, C. R. (2022). Decreases in suicidality following psychedelic therapy: a meta-analysis of individual patient data across clinical trials. The Journal of Clinical Psychiatry, 83(2), 39235.

[21] : Mitchell, J. M., Bogenschutz, M., Lilienstein, A., Harrison, C., Kleiman, S., Parker-Guilbert, K., … & Doblin, R. (2021). MDMA-assisted therapy for severe PTSD: a randomized, double-blind, placebo-controlled phase 3 study. Nature Medicine, 27(6), 1025-1033. ;

Sessa, B., Higbed, L., & Nutt, D. (2019). A review of 3, 4-methylenedioxymethamphetamine (MDMA)-assisted psychotherapy. Frontiers in Psychiatry, 138. ;

Smith, K. W., Sicignano, D. J., Hernandez, A. V., & White, C. M. (2022). MDMA‐assisted psychotherapy for treatment of posttraumatic stress disorder: a systematic review with meta‐analysis. The Journal of Clinical Pharmacology, 62(4), 463-471. ;

Gill, H., Gill, B., Chen-Li, D., El-Halabi, S., Rodrigues, N. B., Cha, D. S., … & McIntyre, R. S. (2020). The emerging role of psilocybin and MDMA in the treatment of mental illness. Expert Review of Neurotherapeutics, 20(12), 1263-1273. ;

Monson, C. M., Wagner, A. C., Mithoefer, A. T., Liebman, R. E., Feduccia, A. A., Jerome, L., … & Mithoefer, M. C. (2020). MDMA-facilitated cognitive-behavioural conjoint therapy for posttraumatic stress disorder: an uncontrolled trial. European journal of psychotraumatology, 11(1), 1840123.

[22] : Davis, A. K., Barrett, F. S., May, D. G., Cosimano, M. P., Sepeda, N. D., Johnson, M. W., … & Griffiths, R. R. (2021). Effects of psilocybin-assisted therapy on major depressive disorder: a randomized clinical trial. JAMA psychiatry, 78(5), 481-489. ;

Kargbo, R. B. (2020). Psilocybin therapeutic research: the present and future paradigm. ACS medicinal chemistry letters, 11(4), 399-402. ;

Doss, M. K., Považan, M., Rosenberg, M. D., Sepeda, N. D., Davis, A. K., Finan, P. H., … & Barrett, F. S. (2021). Psilocybin therapy increases cognitive and neural flexibility in patients with major depressive disorder. Translational psychiatry, 11(1), 1-10. ;

Daws, R. E., Timmermann, C., Giribaldi, B., Sexton, J. D., Wall, M. B., Erritzoe, D., … & Carhart-Harris, R. (2022). Increased global integration in the brain after psilocybin therapy for depression. Nature medicine, 28(4), 844-851. ;

Lowe, H., Toyang, N., Steele, B., Valentine, H., Grant, J., Ali, A., … & Gordon, L. (2021). The therapeutic potential of psilocybin. Molecules, 26(10), 2948.

[23] : George, W. H. (2019). Alcohol and sexual health behavior:“What we know and how we know it”. The Journal of Sex Research, 56(4-5), 409-424.

[24] : Rozenek, E. B., Górska, M., Wilczyńska, K., & Waszkiewicz, N. (2019). In search of optimal psychoactivation: Stimulants as cognitive performance enhancers. Arhiv za higijenu rada i toksikologiju, 70(3), 150-150. ;

Repantis, D., Bovy, L., Ohla, K., Kühn, S., & Dresler, M. (2021). Cognitive enhancement effects of stimulants: a randomized controlled trial testing methylphenidate, modafinil, and caffeine. Psychopharmacology, 238(2), 441-451.

[25] : Dassieu, L. (2019). L’automédication chez les usagers de drogues: de la constitution de savoirs expérientiels à leur confrontation aux médecins. Anthropologie & Santé. Revue internationale francophone d’anthropologie de la santé, (18).

[26] : Dassieu, L., & Roy, É. (2020). La douleur chez les personnes utilisatrices de drogues: état des connaissances et enjeux socio-anthropologiques. Drogues, santé et société, 18(1), 69-99.

[27] : Dollar, C. B. (2021). Recreation and realization: Reported motivations of use among persons who consume psychedelics in non-clinical settings. Journal of Qualitative Criminal Justice and Criminology, 10(4), 1-41.

[28] : Kennett, J., Matthews, S., & Snoek, A. (2013). Pleasure and addiction. Frontiers in psychiatry, 4, 117.

[29] : Jeffers, A., Benotsch, E. G., & Koester, S. (2013). Misuse of prescription stimulants for weight loss, psychosocial variables, and eating disordered behaviors. Appetite, 65, 8-13.

[30] : Linhares, B. L., Miranda, E. P., Cintra, A. R., Reges, R., & Torres, L. O. (2021). Use, Misuse and Abuse of Testosterone and Other Androgens. Sexual Medicine Reviews.

[31] : Barrett, F. S., & Griffiths, R. R. (2017). Classic hallucinogens and mystical experiences: phenomenology and neural correlates. Behavioral neurobiology of psychedelic drugs, 393-430.

[32] : Johnson, M. W., Hendricks, P. S., Barrett, F. S., & Griffiths, R. R. (2019). Classic psychedelics: An integrative review of epidemiology, therapeutics, mystical experience, and brain network function. Pharmacology & therapeutics, 197, 83-102.

[33] : Hopwood, C. J., Baker, K. L., & Morey, L. C. (2008). Personality and drugs of choice. Personality and Individual Differences, 44(6), 1413–1421. doi:10.1016/j.paid.2007.12.009 ;

McKernan, L. C., Nash, M. R., Gottdiener, W. H., Anderson, S. E., Lambert, W. E., & Carr, E. R. (2015). Further evidence of self-medication: Personality factors influencing drug choice in substance use disorders. Psychodynamic Psychiatry, 43(2), 243-275.

[34] : Dube, S. R., Felitti, V. J., Dong, M., Chapman, D. P., Giles, W. H., & Anda, R. F. (2003). Childhood Abuse, Neglect, and Household Dysfunction and the Risk of Illicit Drug Use: The Adverse Childhood Experiences Study. PEDIATRICS, 111(3), 564–572. doi:10.1542/peds.111.3.564 ;

Chandler, G. E., Kalmakis, K. A., & Murtha, T. (2018). Screening adults with substance use disorder for adverse childhood experiences. Journal of addictions nursing, 29(3), 172-178.

[35] : Sinha, R. (2007). The role of stress in addiction relapse. Current psychiatry reports, 9(5), 388-395. ;

Goeders, N. E. (2003). The impact of stress on addiction. European Neuropsychopharmacology, 13(6), 435-441. ;

Kwako, L. E., & Koob, G. F. (2017). Neuroclinical framework for the role of stress in addiction. Chronic Stress, 1, 2470547017698140. ;

Hassanbeigi, A., Askari, J., Hassanbeigi, D., & Pourmovahed, Z. (2013). The relationship between stress and addiction. Procedia-Social and Behavioral Sciences, 84, 1333-1340.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *