Pourquoi consomme-t-on des drogues ?

Garçons des rues de Keningau sniffant de la colle, Sabah, Bornéo. Photographe : Henryk Kotowski

La plupart des personnes dans votre entourage sont des consommatrices de produits psychoactifs. Caféine, nicotine, alcool… Mais aussi médicaments anxiolytiques, anti-dépresseurs et antalgiques. Ça, c’est pour la partie avouable (acceptée par la société, bien que tout ce qui touche à la santé mentale soit encore délicat à assumer publiquement). Autrement, en France, nous avons le plus gros taux de consommateurs de cannabis d’Europe comme l’explique l’OFDT :

“En 2021, 47,3 % des adultes âgés de 18 à 64 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie. L’usage actuel (usage dans l’année), en revanche, demeure stable, et concerne 10,6 % des 18-64 ans (14,2 % des hommes et 7,2 % des femmes). Avec des premiers usages qui se déroulent principalement entre 18 et 25 ans et une proportion d’expérimentateurs de cannabis qui culmine entre 26 et 34 ans quel que soit le sexe, l’usage de cannabis demeure avant tout un phénomène générationnel. La consommation actuelle concerne encore les plus jeunes (23,5 % des 18-24 ans). Si elle diminue ensuite avec l’âge, le profil des consommateurs se diversifie, intégrant désormais davantage de quadragénaires.”

https://www.ofdt.fr/produits-et-addictions/de-z/cannabis/

De plus, en 2017, 1,3% des 18-64 ans avaient expérimenté l’héroïne, 5,6% la cocaïne, 5% la MDMA (plus d’infos par là)… Bref, vous connaissez tous probablement au moins une personne qui consomme des produits psychoactifs licites ou illicites, de manière occasionnelle ou régulière, même si vous ne le savez pas.

Mais pourquoi ? Est-ce un besoin ? Est-ce une simple envie ? Est-ce de la folie pure ? Est-ce une maladie mentale ?

Je vais essayer dans cet article d’expliquer pourquoi les gens consomment des drogues, quelles qu’elles soient. Mais il est d’abord peut-être utile de rappeler ce qu’est une drogue, puisque j’en vois déjà certains arriver avec leurs gros sabots pour me répondre au premier paragraphe, comme quoi “l’alcool, c’est pas une drogue ! C’est légal ! Et la nicotine c’est pareil, et la caféine quelle honte d’appeler cela une drogue ! Et la ritaline c’est un médicament, pas une drogue !”

La paille, la poutre, tout ça, mais il est tout de même nécessaire d’élaborer un peu plus.

Qu’est-ce qu’une drogue ?

Il est important de réfléchir à la notion même de drogue pour savoir de quoi on parle de manière générale lorsqu’on parle de substances psychoactives, de psychotropes, de drogues, etc. La mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (ou MILDECA) nous dit ceci :

“On appelle « drogue » toute substance psychotrope ou psychoactive qui perturbe le fonctionnement du système nerveux central (sensations, perceptions, humeurs, sentiments, motricité) ou qui modifie les états de conscience.

Une drogue est un produit susceptible d’entraîner une dépendance physique et/ou psychique. Les dangers ou risques d’une substance dépendent de nombreux facteurs : l’âge et le sexe du consommateur, le mode de consommation, la fréquence à laquelle il consomme, etc.”

https://www.drogues.gouv.fr/quest-ce-quune-drogue

Malgré le sceau officiel de l’état sur cette définition, je n’en suis pas satisfait. D’abord la notion de “perturbation”, qui laisse entendre que toute consommation vient empêcher le bon fonctionnement de notre cognition. Or il se trouve que bon nombre de médicaments qui s’avèrent être des psychotropes (méthylphénidate ou sels d’amphétamines pour le TDAH, opioïdes pour les douleurs, benzodiazépines pour l’anxiété chronique, etc) existent justement pour “recalibrer” la psyché d’une personne et de lui permettre de fonctionner “normalement”, tout du moins d’apaiser ses souffrances et lui permettre d’exister socialement. On pourrait me rétorquer que “oui mais dans ce cadre ce sont des médicaments !” sauf qu’on sort complètement d’une définition de l’objet, et qu’on est dans une définition de l’usage, et cela devient absurde, surtout quand la définition s’appuie uniquement sur de possibles effets négatifs, et qu’elle omet complètement tous les bienfaits possibles.

De plus, la deuxième partie de leur définition appuie mes dires puisque tous les produits que j’ai listés ont leur lot de potentiel addictif et de dommages liés à la consommation. Les médicaments psychotropes ne sont donc pas, au regard de la définition de la MILDECA, autre chose que des drogues (et à en croire l’académie nationale de médecine, qui soit dit en passant ne prend en compte que les effets négatifs possibles dans sa définition, il serait impensable d’appeler une drogue un médicament).

Ensuite, définir une drogue sur son potentiel de dépendance est difficile à tenir jusqu’au bout du raisonnement, puisqu’il nous faudrait considérer bon nombre de produits alimentaires comme le sucre, le sel, les sauces, etc, et aussi déconsidérer certaines drogues virtuellement sans risque d’addiction (comme beaucoup de psychédéliques et dissociatifs créant des tolérances immédiates et durant un certain temps). On peut aussi arguer que notre alimentation du quotidien a un impact considérable sur notre capacité de raisonner et de ressentir certains états, et que la frontière avec les produits psychotropes est très fine par moment.

Bref, cette définition de la MILDECA semble très fragile et nous laisse sur notre faim en plus de se concentrer uniquement sur des aspects négatifs, laissant transparaitre le parti pris évident du gouvernement et des autorités dans le domaine de la médecine. Et je ne commenterai pas la suite de leurs explications sur la page internet que j’ai mise en lien, par exemple qu’ils classent les drogues par leurs effets et que dans ces effets nous pouvons retrouver “naturel” et “synthétique”, ce qui est parfaitement ridicule.

Personnellement, je préfère toujours les définitions données par des experts des questions étudiées. Je vais donc plutôt m’appuyer sur la définition de David Nutt qu’il donne dans son ouvrage Drugs1. A priori, qui de mieux qu’un neuropsychopharmacologue pour parler de ce qui agit sur notre cerveau et notre psychologie et qui s’avère être une drogue ou un médicament ?

“… une drogue est une substance qui vient de l’extérieur du corps, traverse la barrière hémato-encéphalique, et a un effet similaire à nos neurotransmetteurs naturels.”

Nutt, D. (2020). Drugs without the hot air: Making sense of legal and illegal drugs. Bloomsbury Publishing., p. 65.

N’oublions pas qu’en anglais, “drug” signifie à la fois drogue et médicament, ils ne font pas la distinction ce qui est à mon sens bien plus logique puisqu’une drogue peut être ponctuellement un médicament, et un médicament peut être ponctuellement une drogue. C’est donc l’usage qui finira par définir comment on perçoit telle ou telle substance, un mot unique pour l’objet est donc plus approprié et c’est la pratique et l’usage que l’on devrait définir plus finement, ce que les anglophones font intuitivement en rajoutant un mot derrière, par exemple : psychoactive drug, therapeutic drug, illicit drug, prescription drug, etc.

Définir un objet par son usage nous expose au sophisme du vrai écossais, par exemple :

  • Mr X : la méthadone est un médicament puisqu’on l’utilise pour le sevrage de l’héroïne qui elle est une drogue.
  • Mr Y : mais moi je connais quelqu’un qui consomme de la méthadone en dehors de tout cadre médical.
  • Mr X : c’est impossible, seul l’usage médical est prévu pour la méthadone, ce n’est pas une drogue.

Bref, que l’on parle d’usage récréatif, thérapeutique, spirituel, etc, c’est parfaitement sensé puisqu’on parle d’un contexte précis à un moment donné. Mais figer la définition d’une drogue à l’usage qu’on lui aurait réservé initialement, c’est passer à côté de toute la compréhension nécessaire des usages liés à cette drogue, et c’est aussi occulter le fait que l’on vit dans un monde en mouvement et où de nombreuses drogues reviennent dans les pratiques médicales pour tout un tas de raisons.

Le wikipedia anglophone sur la question nous éclaire plus que la MILDECA ou le wikipedia francophone de “drogues” et vient s’ajouter à ce que nous partage David Nutt :

“Une drogue est une substance chimique qui, lorsqu’elle est consommée, provoque un changement dans la physiologie ou la psychologie d’un organisme. Les drogues se distinguent généralement des aliments et des substances qui fournissent un soutien nutritionnel. La consommation de drogues peut se faire par inhalation, injection, tabagisme, ingestion, absorption via un patch sur la peau, un suppositoire ou une dissolution sous la langue.

En pharmacologie, une drogue est une substance chimique, généralement de structure connue, qui, lorsqu’elle est administrée à un organisme vivant, produit un effet biologique. Une drogue pharmaceutique, également appelée médicament ou medicine, est une substance chimique utilisée pour traiter, guérir, prévenir ou diagnostiquer une maladie ou pour promouvoir le bien-être. Traditionnellement, les médicaments étaient obtenus par extraction à partir de plantes médicinales, mais plus récemment aussi par synthèse organique. Les médicaments pharmaceutiques peuvent être utilisés pour une durée limitée ou de manière régulière pour des troubles chroniques.

Les drogues psychoactives sont des substances qui affectent la fonction du système nerveux central, modifiant la perception, l’humeur ou la conscience. Ces médicaments sont divisés en différents groupes : stimulants, dépresseurs, antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques et hallucinogènes. Ces médicaments psychoactifs se sont avérés utiles pour traiter un large éventail de conditions médicales, y compris les troubles mentaux, dans le monde entier. Les drogues les plus répandues dans le monde sont la caféine, la nicotine et l’alcool, qui sont également considérées comme des drogues récréatives, puisqu’elles sont utilisées pour le plaisir plutôt qu’à des fins médicales. Toutes les drogues peuvent avoir des effets secondaires. L’abus de plusieurs drogues psychoactives peut entraîner une accoutumance et/ou une dépendance physique, tandis que l’usage excessif de stimulants peut provoquer une psychose stimulante. De nombreuses drogues récréatives sont illicites et des traités internationaux tels que la Single Convention on Narcotic Drugs existent dans le but de les interdire.”

https://en.wikipedia.org/wiki/Drug

C’est pour moi une explication plus claire et précise de ce qu’est une drogue. En français, les termes drogues, psychotropes, produits psychoactifs, substances psychoactives, sont interchangeables et veulent essentiellement dire la même chose, ne soyez donc pas surpris si je les utilise pour éviter de répéter des milliers de fois “drogue”.

Donc, pourquoi consommer ?

On peut intuitivement dégager plusieurs raisons de la définition même de ce qu’est une drogue, par exemple s’en servir pour se soigner ou pour s’amuser. Mais cela ne se résume évidemment pas à cela. Un papier de 2020 écrit par Christian Müller2 (que j’ai mentionné dans un précédent article) nous propose plusieurs raisons avec une bibliographie conséquente pour appuyer ce qu’il appelle l’instrumentalisation de la drogue.

Il liste ainsi :

  1. Interactions sociales améliorées
  2. Facilitation du comportement sexuel
  3. Amélioration des performances cognitives, lutte contre la fatigue
  4. Facilitation de la récupération, adaptation au stress
  5. Automédication pour les troubles psychiatriques et mentaux
  6. Curiosité sensorielle
  7. Euphorie, hédonisme et défonce
  8. Attractivité et apparence physique améliorées
  9. Facilitation des activités religieuses et spirituelles

Le travail de recherche abattu par ce chercheur est colossal et parfois indigeste, mais il a le mérite d’éclaircir notre vision sur les multiples raisons possibles de la consommation. Cela dit, il me semble assez logique que toutes ces raisons apparaissent puisque, bien loin de l’image du junky que l’on peut encore voir à la télévision et dans les divers media, le consommateur et la consommatrice ont de multiples facettes. En effet, de la personne sans abri qui consomme dans les toilettes publiques son fix d’héroïne, en passant par le lycéen qui inhale du protoxyde d’azote pour rigoler durant la pause méridienne, jusqu’au psychonaute aguerri qui cherche le psychédélique parfait pour ses introspections en pleine nature, nous pourrions dire qu’il y a autant de raisons de consommer qu’il y a de personnes qui consomment et qu’il y a de types de drogues.

L’origine des personnes est aussi importante à prendre en compte si l’on veut comprendre l’origine de certaines de ces raisons de consommer. La misère sociale, par exemple, est un terreau fertile à la consommation de drogues3, tout comme la position sociale favorisée peut l’être dans une moindre mesure4 pour des raisons d’appartenance de groupe et de pression sociale, d’image sociale, de formes codifiées de récréation, etc. Et le croisement de différentes réalités sociales donne différentes réalités d’usage de la drogue5.

“L’INPES a publié en 2012 une remarquable enquête sur la drogue au travail qui montre quels sont les secteurs d’activité professionnelle dans lesquels on consomme le plus. Il est intéressant de noter que plus les conditions de travail sont réputées difficiles (construction, pêche…), plus les statuts sont précaires (restauration, spectacles…), plus on consomme de drogues. A l’inverse, plus les conditions de travail sont bonnes (administration…), plus les statuts sont stables (fonction publique, enseignement…) moins on consomme de produits.”

Langlois, E. (2022). Le nouveau monde des drogues: de la stigmatisation à la médicalisation. Armand Colin. p. 99

Emmanuel Langlois, sociologue, nous partage dans son ouvrage Le nouveau monde des drogues6 sept familles d’usage :

  1. Plaisir
  2. Introspection
  3. Souffrance
  4. Performance
  5. Défonce
  6. Fusion
  7. Distinction

Il précise que

“l’expérience contemporaine des drogues répond à une politique de l’individu qui est, de notre point de vue, rarement une pure échappatoire mais, au contraire, relève de l’ordre de la praxis “aristotélicienne” qui désigne ici l’engagement dans des activités qui donnent forme au sujet. Nombre de représentations ont mis en avant l’idée que la consommation de drogue ne pouvait être interprétée que sous un angle négatif, comme une forme de refus et ou de critique totale qui ne parvient pas à s’exprimer par les canaux légitimes (contestation politique, expression artistique). Cette dimension existe mais ne résume pas l’expérience contemporaine dans laquelle les individus investissent des représentations plus variées.”

Langlois, E. (2022). Le nouveau monde des drogues: de la stigmatisation à la médicalisation. Armand Colin. p. 90

Bien que tout cela puisse paraître intuitif, il est tout de même important de vérifier plus rigoureusement de telles affirmations. Après tout, peut-être que nos chers politiciens ont raison depuis le début et qu’il n’y a aucune raison de consommer une drogue à part une morale défaillante et un mauvais usage du libre-arbitre.

Fort heureusement, des chercheurs ont usé de méthode pour nous faire parvenir des réponses. Des réponses incomplètes et demandant plus d’élaboration, comme toujours en sciences, mais des réponses tout de même supportées par des données statistiques.

Première étude : développement de la mesure des motivations de la consommation de substances (SUMM) : Un modèle complet à huit facteurs pour la consommation d’alcool et de drogues.

Cette première étude7 que je vous présente, datant de 2019, s’appuie sur une large littérature scientifique8 afin de partir de ce simple postulat : les différents usages de drogues viennent de besoins différents en fonction du contexte (social) et des personnes (biopsycho-), ce qui nous donne une réalité biopsychosociale propre à chacun.

La mesure développée dans cette étude permet de mettre en avant 8 motivations différentes menant à l’usage de substances psychoactives, chacune de ces motivations étant sous-tendue par différentes raisons plus précises et facile à imaginer :

Amélioration

  • Pour être défoncé : 0.78
  • Parce que c’est marrant : 0.73
  • Parce que c’est excitant : 0.73
  • Parce que ça me fait me sentir bien : 0.64

Conformité

  • Pour être apprécié : 0.77
  • Avoir une place dans le groupe que j’aime : 0.77
  • Pour pas me sentir rejeté : 0.62
  • Parce que mes amis me pressent pour consommer : 0.50

Adaptation à la dépression

  • Arrêter de rester coincé sur des pensées : 0.76
  • Éteindre les pensées négatives tournées vers soi : 0.74
  • La drogue m’aide quand je me sens déprimé : 0.71
  • Me remonter le moral quand j’ai une mauvaise humeur : 0.60

Expansion de soi

  • Être plus ouvert aux expériences : 0.72
  • Comprendre les choses différemment : 0.69
  • Cela m’aide à être plus créatif et original : 0.62
  • Mieux me connaître : 0.59

Social

  • Parce que ça aide à apprécier une fête : 0.79
  • Pour être sociable : 0.72
  • Pour fêter quelque chose : 0.41
  • Parce que c’est la coutume dans certaines occasions : 0.35

Adaptation à l’anxiété

  • Réduire l’anxiété : 0.83
  • La drogue m’aide quand je me sens nerveux : 0.82
  • Sentir plus de confiance en soi et être sûr de soi : 0.63
  • Se relaxer : 0.58

Adaptation à l’ennui

  • Passer le temps : 0.77
  • Parce qu’on cherche un truc à faire : 0.76
  • Soulager l’ennui : 0.72
  • Parce qu’il n’y avait rien de mieux à faire : 0.71

Performance

  • Me donner plus d’énergie : 0.73
  • Améliorer mes performances : 0.59
  • Pour étudier et/ou se concentrer : 0.54
  • Pour le sexe : 0.53

Les valeurs permettent de voir à quel point chaque variable (motivation principale, par exemple la performance) est reliée aux différents facteurs (raisons plus précises). Par exemple il y a une corrélation de 0.78 entre vouloir être défoncé et la recherche de l’amélioration de l’expérience, une corrélation jugée forte.

Ne laissons pas ça comme cela, développons.

Ces recherches sont ancrées dans une perspective motivationnelle, c’est-à-dire que l’usage de drogues est ici étudié sous l’angle de ce qui motive à la consommation. Cela paraît logique, mais c’est tout de même important de préciser ici que l’on parle de motivation, qui peut s’avérer consciente ou non, subie ou non, sans se préoccuper de morale et de politique. C’est donc une approche principalement biopsychosociale, puisque de nombreuses disciplines sont nécessaires pour comprendre la motivation (les processus biologiques, psychologiques et sociaux, tous en interaction permanente).

Ainsi notre action guidée vers un but peut être étudiée sous le prisme de la cognition sociale9, sous celui de la psychobiologie10, et nous pouvons décortiquer toutes les approches pour finir par n’utiliser qu’une unique discipline (psychologie, biologie, sociologie, et bien d’autres). L’approche motivationnelle n’est donc pas une approche obscure et bancale, c’est une façon pertinente d’étudier l’usage de drogue et qui s’appuie sur des sciences diverses mais complémentaires.

Que nous dit donc cette étude ?

Il est important de mettre en avant le fait qu’ici seuls les résultats liés à l’alcool sont vraiment exploitables, et dans une moindre mesure ceux du cannabis (pour des raisons liées aux habitudes de consommation de l’échantillon des personnes interrogées). On ne peut donc absolument pas extrapoler ces résultats à toutes les drogues, mais l’intérêt ici est d’avoir un modèle regroupant les raisons de consommer, d’avoir un questionnaire pour interroger les personnes, et donc d’avoir un moyen rapide, efficace et fiable de définir les raisons d’un individu ou d’un groupe d’individu de consommer une drogue en particulier ou les drogues en général.

Tout d’abord, les résultats confirment l’adéquation de la mesure d’un point de vue statistique, tant lorsque les items se réfèrent à l’alcool qu’à la consommation de haschich/marijuana.

Deuxièmement, l’utilisation d’une mesure unique couvrant plusieurs substances nous a permis de comparer les motifs de consommation, remplissant ainsi l’un des objectifs de l’échelle. Dans la présente recherche, cette comparaison n’a été faite qu’entre l’alcool et le haschisch/marijuana, car toutes les autres substances n’étaient pas fréquemment consommées.

Biolcati, R., & Passini, S. (2019). Development of the Substance Use Motives Measure (SUMM): A comprehensive eight-factor model for alcohol/drugs consumption. Addictive behaviors reports, 10, 100199.

Il est aussi intéressant de s’intéresser aux traits de personnalité associés aux différentes raisons de l’usage de drogue. Les chercheurs ont pour cela utilisé l’échelle de profil de risque d’usage de substances (SURPS) et l’inventaire des Big Five (BFI-10). Les quatre dimensions de la personnalité formant le SURPS (c’est-à-dire le désespoir, la sensibilité à l’anxiété, l’impulsivité et la recherche de sensations) étaient en effet différemment liées aux propriétés de renforcement positif et/ou négatif de diverses substances et, à leur tour, à différents types de leur consommation. Le BFI, quant à lui, mesure les différences individuelles au sein des cinq principaux traits de personnalité (extraversion, ouverture, agréabilité, conscience et ouverture) et constitue l’un des modèles les plus utilisés en matière de personnalité.

Je vous invite donc à aller lire la discussion de ce papier pour en savoir plus sur la corrélation entre les habitudes d’usage et les traits de personnalité. Nous pouvons passer à l’étude suivante.

Deuxième étude : Des drogues différentes s’accompagnent de motivations différentes : Examen des motifs de consommation de substances chez les personnes qui consomment plusieurs substances dans le cadre d’un traitement d’entretien à la méthadone (MMT).

Selon la théorie de la motivation11, les comportements de consommation de substances sont motivés par des états de besoin et des dispositions psychologiquement distincts, que l’on peut nommer motifs de consommation de substances. Ces motifs sont considérés comme la dernière voie commune vers l’usage simple et l’abus de substances, par laquelle la personnalité ou d’autres variables de risque moins proximales exercent leurs effets. La théorie de la motivation a conduit à l’élaboration du modèle bien connu des motifs de consommation d’alcool à quatre facteurs8, qui différencie les motifs de consommation d’alcool en fonction de deux dimensions :

  1. les objectifs d’approche par rapport aux objectifs d’évitement (par exemple, la recherche d’incitations agréables par rapport à l’évitement d’états négatifs)
  2. la question de savoir si la source du motif se trouve dans le soi ou dans l’environnement social

Le croisement de ces deux dimensions conduit à quatre catégories de motifs : les motifs d’approche internes (c’est-à-dire les motifs d’amélioration), les motifs d’évitement internes (c’est-à-dire les motifs d’adaptation), les motifs d’approche externes (c’est-à-dire les motifs sociaux) et les motifs d’évitement externes (c’est-à-dire les motifs de conformité).

Ces quatre motifs ont été largement étudiés en relation avec l’alcool et ont été associés à un certain nombre d’antécédents et de conséquences distincts mais cette deuxième étude12 cherche à dépasser toutes les précédentes en ne se limitant pas à la consommation d’alcool et en ayant une approche statistique quelque peu différente. Cette approche est nécessaire étant donné la complexité du croisement de nombreuses données, à savoir les multiples raisons pouvant co-exister ainsi que les multiples substances pouvant être consommées en même temps (ou du moins les multiples substances pouvant être consommées en général, leurs effets se superposant ou non dans le temps). Il existe donc une multitude de combinaisons de facteurs et de variables à prendre en compte.

Étant donné que les catégories de drogues/médicaments incluses dans l’étude ont des effets pharmacologiques et des expériences phénoménologiques variables, les chercheurs s’attendaient à ce que l’adhésion à la motivation pour consommer diffère significativement entre certaines catégories de médicaments, comme l’indiquent les sept motivations retenues, à savoir : amélioration (de l’expérience) ; social ; expansion (de soi) ; adaptation à l’anxiété ; adaptation à la dépression ; conformisme ; (lutter contre) sevrage. Les résultats de l’étude sont montrés sous la forme du graphique ci-dessous.

Différence entre les raisons principales de consommation pour chaque drogue/classe de drogue. Contrer l’anxiété est la première raison pour le tabac, l’alcool, le cannabis et les tranquilisants (benzodiazépines particulièrement). L’amélioration de l’expérience est la première raison pour les stimulants, tandis que contrer le sevrage était la première raison pour les opioïdes.
Mahu, I. T., Barrett, S. P., Conrod, P. J., Bartel, S. J., & Stewart, S. H. (2021). Different drugs come with different motives: Examining motives for substance use among people who engage in polysubstance use undergoing methadone maintenance therapy (MMT). Drug and alcohol dependence, 229, 109133.

  1. Amélioration. Les participants ont cité des motifs d’amélioration pour le cannabis, les stimulants et les opioïdes plus que pour le tabac et les tranquillisants. Dans l’ensemble, les motifs d’amélioration ont été considérés comme l’une des trois principales catégories de motifs pour toutes les drogues, à l’exception du tabac, où ils se classent en quatrième position. Les stimulants occupent la première place en termes d’importance.
  2. Social. Les motivations sociales ont été approuvées de manière similaire pour la plupart des drogues étudiées, ce qui montre peu de signes de spécificité à l’égard de l’alcool et du cannabis. Les motivations sociales ont été plus fortement approuvées pour le cannabis que pour les tranquillisants et le tabac. Par rapport à tous les autres motifs, les motifs sociaux se situent généralement au milieu en termes d’approbation relative pour toutes les catégories de drogues.
  3. Expansion. Les motifs d’expansion de soi sont plus fréquemment cités pour le cannabis que pour le tabac, l’alcool et les tranquillisants, pour les stimulants que pour l’alcool, le tabac et les tranquillisants, et pour les opioïdes que pour le tabac et les tranquillisants. Toutefois, par rapport à tous les autres motifs, les motifs d’expansion sont le plus souvent classés en fin de liste, en troisième position seulement avec les stimulants.
  4. Adaptation à l’anxiété. Toutes les classes de médicaments ont été utilisées plus fréquemment que les stimulants pour faire face à l’anxiété. En outre, les participants ont déclaré utiliser des tranquillisants pour faire face à l’anxiété plus fréquemment que l’alcool, le cannabis, les stimulants et les opioïdes. Ce motif a également été plus souvent mentionné pour les tranquillisants que pour le tabac. Comparés à d’autres motifs, les motifs d’adaptation à l’anxiété ont été très bien classés pour presque toutes les drogues, se retrouvant en première position pour le tabac, l’alcool, le cannabis et les tranquillisants.
  5. Adaptation à la dépression. Bien que largement similaires à la gestion de l’anxiété, les motifs de gestion de la dépression ont montré une certaine spécificité, le tabac et les tranquillisants étant moins souvent cités pour la gestion de la dépression que pour celle de l’anxiété. Les opioïdes et le cannabis ont été les plus fortement cités pour faire face à la dépression, par rapport au tabac et aux stimulants. Les tranquillisants ont été plus souvent approuvés pour ce motif que les stimulants.
  6. Conformisme. Les motifs de conformité ont rarement été approuvés pour toutes les substances et n’ont pas montré de différences entre les drogues.
  7. Sevrage. Par rapport à toutes les autres substances, c’est pour les opioïdes que la gestion du sevrage a été le plus fortement approuvée. La gestion du sevrage est également plus souvent approuvée pour le cannabis, le tabac et les tranquillisants que pour l’alcool et les stimulants.

Que conclure de ces études ?

Il est essentiel de garder en tête, au vu des résultats de la deuxième étude, que l’échantillon de personnes est concerné par un traitement de méthadone et par une situation socio-professionnelle particulière. De la même manière, la première étude avait un échantillon de plus de 300 italiens, avec plus de 60% de femmes, questionnées en ligne. Ces résultats ne disent donc rien des raisons dans la population générale de consommer une drogue en particulier. Ce que mettent en avant ces deux études, c’est l’intérêt d’avoir un moyen fiable et utile dans la compréhension des motivations de tout un chacun pour consommer, et que ces données peuvent servir dans de nombreux contextes. Ces chercheurs développent des moyens pour questionner les personnes et en tirer des résultats statistiques, mais comme toujours, chaque résultat doit être interprété consciencieusement et ne doit pas être extrapolé n’importe comment.

La seule chose que l’on peut affirmer dans la population générale des consommateurs et des consommatrices, c’est qu’il y a bel et bien des raisons de consommer, et elles sont multiples et parfois coexistent. Et nous entrons là dans un combat sémantique (et en fait surtout rhétorique) puisque beaucoup entendront là qu’avoir une raison, c’est avoir une “bonne” raison (comme dire de quelque chose qui est “naturel” que c’est forcément bon… et bien non). Et bien qu’il ne devrait pas être question de morale ici, il serait vain de faire comme si celle-ci n’avait aucune importance dans la sphère publique, et donc sur Internet.

Pour beaucoup de militants anti-drogues, il n’y a que des bonnes raisons de ne pas consommer.

“Les raisons que trouvent les utilisateurs à consommer ne sont pas des raisons objectives de consommer, c’est pourtant simple comme bonjour.”

Un grand sacheur sachant sacher de r/France

Dire qu’une drogue peut soulager des douleurs, de l’anxiété, ou simplement procurer du plaisir et une manière de profiter d’un bon moment, c’est souvent risqué de le présenter autrement que de manière négative. Il faut donc préciser tous les méfaits possibles et l’addiction qui nous pend au nez lorsqu’on se met à consommer pour avoir le regard approbateur du public, et gare à celui qui voudrait insister sur tous les bienfaits possibles. De plus, la norme aujourd’hui est toujours à la surenchère des dégâts supposés des drogues. J’en ai fais l’expérience, le fait de donner les chiffres officiels du gouvernement ne satisfait pas les plus virulents, alors même qu’avec un personnage comme Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur on ne puisse accuser le gouvernement de laxisme et de sous-estimer les chiffres liés aux drogues.

Bref, le débat est encore difficile à animer puisqu’un seul côté a un droit de parole et se gargarise d’avoir la position la plus morale, “objective” et informée… Plus sérieusement, comme le montre le thread Reddit que j’ai partagé, il y a un énorme manque de rigueur du côté des fanatiques anti-drogues (et, disons le, de fervents pro-drogues). Rien n’est sourcé, les propos sont le plus souvent agressifs et moralisateurs, et la question “pourquoi avez-vous besoin de ça ? c’est ça la vraie question !” revient souvent. Consommer est pour beaucoup un problème en soit, que l’on écoute une personne lambda prise au hasard dans la rue ou qu’on demande à un médecin, et aucune raison ne pourra jamais justifier à leurs yeux un tel acte. Pour beaucoup, consommer équivaut à être addict, point à la ligne.

D’autres raisons de consommer ?

On peut sans doute critiquer beaucoup de choses sur les différentes méthodologies cherchant à comprendre la consommation des personnes, et une de ces choses pourrait être la question posée et la manière avec laquelle elle est posée. Cependant, ce que nous montrera la différence de réponse en fonction de la question, c’est surtout que l’on peut trouver énormément de raisons différentes pour consommer (et pour ne pas consommer).

Par exemple, dans un papier13 de 2018, 613 personnes consommant des nouveaux produits de synthèse (NPS ; c’est-à-dire des drogues créées récemment pour remplacer temporairement les drogues classiques) ont été interrogées via Internet. Les résultats sont intéressants :

L’analyse a montré que les participants consommaient des NPS parce que ces composés auraient :

1) permis une consommation de drogue plus sûre et plus pratique,

2) satisfait la curiosité et l’intérêt pour les effets,

3) facilité une aventure nouvelle et excitante,

4) favorisé l’exploration de soi et le développement personnel,

5) servi d’agents d’adaptation,

6) amélioré les capacités et les performances,

7) favorisé le lien social et l’appartenance, et

8) agi comme un moyen de récréation et de plaisir.

La consommation de NPS était également motivée par 9) l’usage problématique et non intentionnel.

Soussan, C., Andersson, M., & Kjellgren, A. (2018). The diverse reasons for using Novel Psychoactive Substances-A qualitative study of the users’ own perspectives. International Journal of Drug Policy, 52, 71-78.

Les motivations ici pourraient largement être placées dans les mesures précédentes, et il y a aussi une influence environnementale venant de la façon de se procurer une drogue, mis en exergue par la première raison “une consommation de drogue plus sûre et plus pratique”, c’est-à-dire probablement éviter d’aller acheter à n’importe qui dans la rue et plutôt passer par internet où les risques pour soi sont plus légers d’un point de vue achat/vente, risque d’être interpellé, ou même par rapport à l’adultération des produits.

Ce qui est particulièrement intéressant en science, c’est qu’il est possible d’affiner toujours plus ses questions et de creuser toujours plus loin dans la recherche. Par exemple, nous pourrions vouloir savoir plus en détail pourquoi les personnes veulent étendre leur perception du monde, ou pourquoi quelqu’un souhaite spécifiquement consommer des psychédéliques sérotoninergiques, et il suffit à une équipe de chercheurs de se lancer dans l’aventure.14

Étant donné que les substances ont des effets pharmacologiques différents et suscitent des expériences subjectives différentes, les motifs de consommation peuvent varier selon les types de substances. Les premières études sur la consommation d’alcool ont établi un modèle à quatre facteurs de la motivation générale de la consommation de drogues, comprenant des motifs sociaux, de conformité, d’adaptation et d’amélioration. Le facteur social est lié au désir d’avoir un comportement social plus réussi ou plus amusant, tandis que le motif de conformité reflète le besoin d’être accepté et de céder à la pression extérieure. La consommation de substances pour des raisons d’adaptation reflète le désir de réduire les états négatifs et l’amélioration peut être généralement décrite comme un désir de rendre les états existants plus amusants ou intéressants. Ce modèle à quatre facteurs a été complété par un cinquième facteur appelé “motifs d’expansion”, basé sur des recherches menées auprès de consommateurs de cannabis. Ce motif d’expansion reflète le désir d’acquérir une (auto)connaissance ou d’altérer de manière aiguë la perception sensorielle. Le tableau S1 présente les éléments descriptifs typiques liés à ces cinq facteurs, d’après Simons et al.

Comme on pouvait s’y attendre, la recherche montre que les motifs les plus fréquemment cités diffèrent d’une substance à l’autre. Bien qu’il existe un certain chevauchement, la consommation d’alcool est généralement motivée par des raisons sociales, la consommation de cannabis est le plus souvent liée à un motif d’amélioration et la consommation de tabac à un motif d’adaptation. Chez les consommateurs récréatifs de méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA), le motif le plus important est l’amélioration, bien que l’adaptation et l’expansion soient également fréquemment mentionnées. De même, la consommation de méthamphétamine est également liée à des motifs d’adaptation et d’amélioration. D’autre part, les opioïdes et les benzodiazépines sont très fortement axés sur les motifs d’adaptation et les cathinones synthétiques sont le plus souvent utilisées pour des raisons d’amélioration.

Basedow, L. A., & Kuitunen‐Paul, S. (2022). Motives for the use of serotonergic psychedelics: A systematic review. Drug and Alcohol Review, 41(6), 1391-1403.

Il est même possible d’aller plus loin et d’étudier les raisons de certains mélanges, comme MDMA + LSD ou encore alcool + benzodiazépines.15

Le choix des substances utilisées en combinaison dépend également du contexte dans lequel elles sont utilisées pour remplir des fonctions spécifiques. Par exemple, les études portant sur les personnes qui fréquentent les fêtes et les bars ont tendance à faire état de combinaisons de “drogues de club”, notamment l’ecstasy/MDMA (méthylènedioxyméthamphétamine), les amphétamines, la kétamine, la cocaïne, le GHB, les psychédéliques, le cannabis et l’alcool. Les drogues de club sont utilisées pour accroître les sentiments d’euphorie, de désirabilité, de perception de soi et de sociabilité. Dans d’autres cas, les combinaisons de substances peuvent impliquer des substances non psychoactives utilisées pour améliorer l’expérience globale. Par exemple, un bêta-bloquant peut être utilisé pour compenser la tachycardie ou l’oméprazole pour éviter les douleurs d’estomac lors de l’utilisation de stimulants. Les études portant sur les personnes attirées par le même sexe décrivent souvent l’utilisation de larges combinaisons de drogues de club, de médicaments contre les troubles de l’érection et de nitrite d’alkyle (ou “poppers”) pour la recherche de sensations, l’amélioration de l’expérience sexuelle et l’intégration. Des études ont également examiné l’utilisation de stimulants sur ordonnance pour améliorer les performances cognitives et de drogues sur ordonnance, y compris des benzodiazépines et des opioïdes, pour soulager la détresse chez les étudiants des collèges et des universités.

Boileau-Falardeau, M., Contreras, G., Garipy, G., & Laprise, C. (2022). Patterns and motivations of polysubstance use: A rapid review of the qualitative evidence. Health promotion and chronic disease prevention in Canada: research, policy and practice, 42(2), 47.

Conclusion

Le doute n’est plus permis quant au fait que les personnes ont leurs raisons de consommer, du travailleur au bord du burn-out qui a besoin de son verre le soir, en passant par l’étudiant qui prend des stimulants pour éviter de s’écrouler en plein partiel, jusqu’aux personnes qui consomment tout et n’importe quoi pourvu qu’ils soient admis dans le groupe. Mais tout ça, ce sont de mauvaises raisons, me direz-vous. Mais il n’y a pas que ces contextes où la consommation peut avoir lieu. Que pourrions-nous penser de négatif d’un couple qui prend un empathogène pour pouvoir discuter sans filtre et avancer dans leur projet commun ? Que pourrions-nous condamner chez quelqu’un qui prend un psychédélique afin de se sentir plus en phase avec la nature ? Et enfin, quoi penser des gens qui cherchent simplement à passer un bon moment ? Font-ils quelque chose de fondamentalement mal ? Avant de juger ce que fait autrui, plus encore avant de juger une personne pour ce qu’elle est, questionnons le bien-fondé de notre propre morale et la possibilité de son évolution.

Il n’y a pas de phénomènes moraux du tout, mais seulement une interprétation morale de phénomènes…

Nietzsche, F. (2012). Par-delà le bien et le mal. Le livre de Poche.


[1] : Nutt, D. (2020). Drugs without the hot air: Making sense of legal and illegal drugs. Bloomsbury Publishing.

[2] : Müller, C. P. (2020). Drug instrumentalization. Behavioural Brain Research, 390, 112672. doi:10.1016/j.bbr.2020.112672

[3] : Manhica, H., Straatmann, V. S., Lundin, A., Agardh, E., & Danielsson, A. K. (2021). Association between poverty exposure during childhood and adolescence, and drug use disorders and drug‐related crimes later in life. Addiction, 116(7), 1747-1756.

[4] : Janicijevic, K. M., Kocic, S. S., Radevic, S. R., Jovanovic, M. R., & Radovanovic, S. M. (2017). Socioeconomic factors associated with psychoactive substance abuse by adolescents in Serbia. Frontiers in pharmacology, 8, 366.

[5] : Collins, A. B., Boyd, J., Cooper, H. L., & McNeil, R. (2019). The intersectional risk environment of people who use drugs. Social Science & Medicine, 234, 112384.

[6] : Langlois, E. (2022). Le nouveau monde des drogues: de la stigmatisation à la médicalisation. Armand Colin.

|7] : Biolcati, R., & Passini, S. (2019). Development of the Substance Use Motives Measure (SUMM): A comprehensive eight-factor model for alcohol/drugs consumption. Addictive behaviors reports, 10, 100199.

[8] : Cooper, M. L., Kuntsche, E., Levitt, A., Barber, L. L., & Wolf, S. (2016). Motivational models of substance use: A review of theory and research on motives for using alcohol, marijuana, and tobacco. The Oxford handbook of substance use and substance use disorders, 1, 375-421.

[9] : Schunk, D. H., & DiBenedetto, M. K. (2020). Motivation and social cognitive theory. Contemporary educational psychology, 60, 101832.

[10] : Frank, G. K., DeGuzman, M. C., & Shott, M. E. (2019). Motivation to eat and not to eat–The psycho-biological conflict in anorexia nervosa. Physiology & behavior, 206, 185-190.

[11] : Cox, W. M., & Klinger, E. (1988). A motivational model of alcohol use. Journal of abnormal psychology, 97(2), 168.

[12] : Mahu, I. T., Barrett, S. P., Conrod, P. J., Bartel, S. J., & Stewart, S. H. (2021). Different drugs come with different motives: Examining motives for substance use among people who engage in polysubstance use undergoing methadone maintenance therapy (MMT). Drug and alcohol dependence, 229, 109133.

[13] : Soussan, C., Andersson, M., & Kjellgren, A. (2018). The diverse reasons for using Novel Psychoactive Substances-A qualitative study of the users’ own perspectives. International Journal of Drug Policy, 52, 71-78.

[14] : Basedow, L. A., & Kuitunen‐Paul, S. (2022). Motives for the use of serotonergic psychedelics: A systematic review. Drug and Alcohol Review, 41(6), 1391-1403.

[15] : Boileau-Falardeau, M., Contreras, G., Garipy, G., & Laprise, C. (2022). Patterns and motivations of polysubstance use: A rapid review of the qualitative evidence. Health promotion and chronic disease prevention in Canada: research, policy and practice, 42(2), 47.

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