La théorie de l’attachement, de Bowlby jusqu’aux neurosciences.

Lorsque l’on met les pieds dans le travail social ou dans le domaine de l’éducation plus généralement, la théorie de l’attachement est un incontournable. L’influence de cette théorie sur la façon dont on considère le développement des enfants et leurs relations, aux professeurs, aux éducateurs, est grande. Que ce soit dans le milieu scolaire ou dans un foyer, l’enfant a besoin de repères et de vivre des expériences diverses et variées afin d’évoluer correctement. Ces repères ne sont autres que les adultes de référence, ou figures d’attachement, qui permettent aux enfants de grandir dans certaines conditions plus ou moins contrôlées en fonction du milieu et des personnes. Nous allons donc ici voir ensemble d’où vient cette théorie, et quel est l’état de la recherche actuellement ainsi que ses potentielles applications dans le monde réel.

Les scientifiques qui ont construir la théorie de l’attachement.

John Bowlby, à l’origine de l’idée de la théorie de l’attachement.

Psychiatre et psychanalyste du début du 20ème siècle, il a suivi les traces de son père, Sir Anthony Alfred Bowlby, dans la médecine. Il a rapidement eu une expérience professionnelle auprès d’enfants séparés de leur famille à cause de la guerre, allant jusqu’à étudier avec un groupe contrôle des jeunes délinquants dans ce contexte social difficile. Il s’est éloigné de Melanie Klein et de la vision psychanalytique de la provenance du stress des enfants, considérant que c’était les évènements dans le monde réel et non pas inconscients qui influençaient les comportements des enfants et la façon dont l’attachement se développe.

John Bowlby (1907-1990)

L’attachement renvoie à la tendance du jeune enfant à chercher le contact avec un ou plusieurs « caregivers » (des donneurs de soin, ou figures d’attachement) lorsqu’il est effrayé, inquiet, vulnérable et que le contact avec le caregiver le rassure et l’apaise. Pour Bowlby, ces comportements sont issus d’une sélection naturelle et sont donc à observer sous le prisme de la théorie de l’évolution.

Mary Ainsworth pense que l’idée de la théorie vint à Bowlby “dans un flash” quand en 1952 il entendit parler du travail de Lorenz et Tinbergen en éthologie. L’approche éthologique apporta la base scientifique que Bowlby pensait nécessaire pour mettre à jour la théorie psychanalytique de l’époque.

Quoi qu’il en soit, la théorie de l’attachement telle qu’élaborée au départ par Bowlby reposait grandement sur des observations cliniques et une recherche avant-gardiste sur la relation mère-enfant. C’est après avoir étudié les associations entre la privation maternelle et la délinquance juvénile qu’il a d’abord formulé sa théorie, postulant un besoin humain universel de former des liens étroits et chargés d’effets, principalement entre la mère et l’enfant. Il a également fortement soutenu, dans une perspective évolutive, que l’attachement est un système biologique inné favorisant la recherche de proximité entre un enfant et une figure d’attachement spécifique. Cette proximité augmente alors la probabilité de survie jusqu’à l’âge de la reproduction.

Sa théorie a été très mal reçue par la communauté psychanalytique de l’époque puisqu’elle allait à l’encontre de nombre de leurs croyances en matière de développement de l’enfant. Bowlby a cherché à pousser la psychanalyse dont il était issu dans la science via l’éthologie et la biologie évolutionnaire. Ce psychiatre, contrairement à nombre de freudiens et de comportementalistes de l’époque, avait une grande expérience avec les enfants.

Il a défié la vision de l’époque comme quoi les enfants étaient de simples organismes avec peu de besoins émotionnels. Il cherchait alors à démontrer dans sa trilogie Attachement et perte1 qu’un enfant a besoin d’amour, de chaleur humaine, d’affection, d’interaction, de stimulation, de consistance et de fiabilité dans la relation.

Ce qu’il observe en l’absence de tout cela est, dans les grandes lignes : anxiété, dépression, des enfants qui deviennent des adultes avec peu ou pas d’attaches relationnelles. A cette époque on s’attardait surtout sur l’importance de la mère, mais on sait aujourd’hui que la figure d’attachement peut être n’importe qui, du moment que cette personne remplit la majeure partie des critères cités ci-dessus.

Il repère des compétences innées dans l’attachement d’un enfant pour sa mère : la capacité de succion, la capacité de s’accrocher, la capacité de pleurer, sourire et suivre du regard. Il considère alors que la privation de la mère mène l’enfant à un développement troublé par l’absence de cette personne remplissant une fonction maternelle. En raison de ce puissant instinct biologique, Bowlby a émis l’hypothèse que tous les nourrissons humains s’attachent à leur soignant – même si les soins sont durs ou négatifs – mais que ces enfants manifestent différents modèles d’attachement. Les expériences passées d’une personne, surtout durant son enfance et son adolescence, au niveau de ses relations façonnent les modèles internes de style d’attachement dans l’âge adulte, comme cela a été montré dans le cadre du travail.2 En effet, le style d’attachement dans le cadre du travail est bien étudié3, puisque la manière de tisser des liens et de créer des relations est tout aussi important dans la vie personnelle que professionnelle.

Les nourrissons des soignants qui sont disponibles, réactifs et sensibles à leurs besoins émotionnels et physiques ont tendance à manifester des modèles d’« attachement sécure ». Cet attachement est un prédicteur d’un comportement autonome, exploratoire et créatif. C’est le paradoxe de la dépendance, qui veut qu’une personne pouvant s’appuyer sur quelqu’un via un attachement sécure adoptera des comportements indépendants et autonomes.4 L’attachement sécure favorise donc une certaine curiosité5, une recherche de la nouveauté6, et un intérêt pour l’exploration à l’âge adulte7.

Cependant, si les soins fournis sont chaotiques, imprévisibles, signes de rejets ou négligents, ou si le soignant fournit systématiquement des réponses non contingentes à l’enfant, alors un schéma d’attachement anxieux, insécure ou désorganisé évolue. Le modèle initial de sécurité de l’attachement a été perçu comme une voie de développement d’une importance majeure tout au long de la vie de l’enfant, des recherches longitudinales vérifiant bon nombre de ces hypothèses initiales. Cela montre à quel point l’environnement initial est important pour le comportement futur.

Harry Harlow à Goon Park.

Les travaux controversés d’Harry Harlow ont eux aussi eu une influence importante sur la théorie, puisque ses études sur les macaques ont apporté beaucoup de connaissances majeures dans le développement des bébés selon certaines conditions.

Dans Love at Goon Park8, Deborah Blum nous raconte l’histoire des expériences d’Harlow sur les macaques rhésus, expériences qui ne seraient plus aujourd’hui possibles au vu des problèmes éthiques qu’elles amènent sur le plan de la maltraitance animale.

Harry Harlow (1905-1981)

Il s’est inspiré des travaux de René Spitz sur l’hospitalisme. A l’époque où Spitz conduisait ses recherches, il était normal que lorsqu’un enfant était hospitalisé, il n’était pas nécessaire que ses parents viennent lui tenir compagnie. La mère pouvait visiter l’enfant une fois par semaine durant quelques minutes. Lorsque l’hospitalisation durait trop longtemps, plusieurs semaines par exemple, les enfants commençaient à souffrir d’hospitalisme, mourant en grand nombre d’infections et de maladies gastro-intestinales sans rapport avec la maladie pour laquelle ils étaient hospitalisés au départ.

Pour revenir aux travaux d’Harlow9, il a commencé par élever des bébés macaques sans mère mais avec deux mères de substitution. Les deux étaient faites de fils de fer avec une fausse tête en plastique. Une des mères avait uniquement une bouteille de lait sortant du torse (pour simuler le lait maternel). L’autre avait des tissus enroulés autour du torse. Une pouvait nourrir tandis que l’autre apportait un contact chaleureux et possiblement rassurant. Les études d’Harlow montrent que les macaques choisissent en majorité la mère « affectueuse » à la place de celle qui nourrit.

Ensuite, Harlow s’est mis à élever des macaques en isolement social total avant de les placer des mois voire des années plus tard au sein d’un groupe. Les comportements observés démontrent les dégâts causés par l’isolement : s’enlaçant eux-mêmes, en se balançant de manière « autistique », d’autres affichaient des comportements sexuels inappropriés et montraient une incapacité à comprendre et respecter la hiérarchie de la troupe.

Une autre expérience reprend le principe de la mère de substitution « chaleureuse ». Sauf que cette fois, de l’air sous pression était utilisé afin de repousser le macaque au lieu de lui donner du lait. Les comportementalistes se seraient attendus à ce que le conditionnement fasse que le bébé n’y aille plus, mais c’est l’inverse qui se passait, comme nous pouvons l’observer dans d’innombrables cas de maltraitances où les enfants s’accrochent à leur parent malgré les violences.

Mary Ainsworth, l’esprit empirique de la théorie.

Le travail empirique de Mary Ainsworth se veut complémentaire de la vision théorique de John Bowlby. Elle est à l’origine du concept de « base sécure », qui permet de comprendre le rôle de la figure d’attachement lorsque l’enfant prend des initiatives et prend ainsi des risques. L’enfant, s’il en a besoin, peut faire marche arrière et retourner à sa base sécure, afin de réguler ses affects avec l’aide de la personne qu’il a repéré comme sa figure d’attachement. Elle a aussi élaboré la « situation étrange » qui permettait alors d’observer les différents types d’attachement, mais cette méthode est fragile scientifiquement parlant, puisqu’une même réaction chez des enfants de cultures différentes ne veut pas essentiellement dire la même chose.

Mary Ainsworth (1913-1999)

Le système comportemental d’attachement est activé lors de la perception d’une menace ou lorsqu’un stress se fait ressentir (dans ce cas une séparation avec la figure d’attachement). Le système déclenche alors un ensemble de réponses affectives et relationnelles afin de réguler la perception de la menace. Chez les adultes, des menaces peuvent activer des représentations mentales de figures d’attachement.10 De plus, nombre d’adultes répondent à une situation stressante en cherchant l’interaction avec une figure d’attachement afin d’atteindre un certain bien-être.11

Néanmoins, grâce à la situation étrange, il a été possible de mettre à jour 3 types d’attachement chez les enfants :

  • Attachement sécure (‘B’) : Les enfants sont souvent perturbés par la séparation avec la figure d’attachement. Lors de la réunion avec elle, les enfants vont la saluer et chercher l’interaction, parfois avec de la rancœur, et reçoivent un réconfort, de l’attention, puis peuvent retourner jouer et vaquer à leurs occupations.
  • Attachement insécure-évitant (‘A’) : les enfants montrent peu ou pas de signes de détresse liée à la séparation, et tendent à ignorer le retour de la figure d’attachement, surtout lors de la seconde séparation ou le stress est en principe plus intense. Ils observent mais ne jouent pas. Il est parfois considéré que les enfants dans ce style d’attachement montrent peu d’affect.
  • Attachement insécure-ambivalent (‘C’) : les enfants sont en grande détresse à cause de la séparation et ne se calment pas à la réunion. Ils cherchent le contact mais peuvent se montrer violents, fuyants, et rejettent les objets qu’on leur offre. Ils continuent ensuite d’alterner entre colère et recherche d’interaction, et ils ne jouent plus et n’explorent pas d’eux-mêmes. Les enfants dans ce type montrent beaucoup d’affects, principalement négatifs.

Les états d’attachement peuvent être amorcés par des éléments explicites ou implicites. Des modèles d’attachement sécure ou insécure peuvent être amorcés par l’exposition à des situations spécifiques12. L’accessibilité cognitive de ces états d’attachement est un marqueur de prédiction des différences dans les réponses d’attachement des personnes. Amorcer la sécurité liée à l’attachement (en activant des représentations cognitives de l’attachement sécure qu’ont les personnes) influence positivement les affects et les attentes relationnelles.13

Mary Main, l’affinage de la théorie.

En collaboration avec Judith Solomon à la fin des années 1980, Mary Main a perçu un quatrième type d’attachement à ajouter dans la théorie14.

  • Attachement insécure-désorganisé : (‘D’)15. Après avoir étudié les enregistrements d’enfants qui ne rentraient dans aucun des trois styles d’attachement déclinés ci-dessus, Mary Main et Judith Solomon ont identifié une quatrième catégorie en 1990. Ces enfants montrent de nombreux comportements différents confus incluant la sidération, une apparente dissociation, des mouvements stéréotypés de balancement d’avant en arrière, ou encore le fait de se rouler en boule lorsque réunis avec les parents.
Mary Main, née en 1943, est une psychologue ayant travaillé sur la théorie de l’attachement.

Sa deuxième contribution importante est l’entretien de l’attachement adulte (adult attachment interview16), outil développé afin de mettre en parallèle les modèles internes d’attachement des parents avec les résultats des « situations étranges ».

En effet, quatre états d’esprit chez l’adulte ont été conceptualisés, similaires aux quatre types d’attachement chez l’enfant observés grâce à la situation étrange.

  • Sécure/autonome : Discours cohérent et collaboratif durant l’entretien. Valorise l’attachement et semble objectif par rapport à des évènements ou relations particuliers.
  • Rejetant : Pas cohérent. Rejette les expériences et relations en rapport avec l’attachement. 
  • Préoccupé : Pas cohérent. Préoccupé par des expériences et relations en rapport avec l’attachement. Longues phrases ne menant nulle part.
  • Non résolu/désorganisé : Durant un échange sur une perte ou un abus, l’individu montre des lacunes évidentes dans le raisonnement et le discours général.

Konrad Lorenz et Nikolaas Tinbergen, l’approche éthologique de la théorie.

D’un point de vue éthologique, la parentalité, ou l’art d’élever ses enfants, est une catégorie de comportements de soin ou de comportements sociaux ainsi que des intentions et des pensées qui sont conservées d’un point de vue évolutionnaire.

Nikolaas Tinbergen (1907-1988)

Nikolaas Tinbergen pose les fondements de l’éthologie sous le prisme de la théorie de l’évolution. En effet, pour lui, le comportement animal (et donc de l’Homme), doit être étudié selon quatre angles d’approche :

  • Quelle est la fonction du trait observé ? Pourquoi ce trait et pas un autre ? A quoi ça sert ?
  • Quelle est l’histoire du trait observé tandis qu’il évoluait au fil des générations ? Ça vient d’où ?
  • Quel est le mécanisme physique de ce trait ? Ça marche comment ?
  • Comment ce trait se développe-t-il durant la vie de l’organisme auquel il appartient ? Ça évolue/se modifie comment et sur quelle durée ?

Un bon exemple afin d’imager tout ça est de prendre une main et d’appliquer ces questions. Ma main est une adaptation qui a évolué via la sélection naturelle afin d’attraper des objets (fonction). Elle a évolué comme partie d’une lignée de vertébrés et est anatomiquement similaire aux nageoires d’un poisson (histoire). Physiquement, c’est composé de muscles, d’os, de tendons, de nerfs assemblés pour permettre d’attraper des choses (mécanisme). La main apparaît à la 5ème semaine de gestation (développement). On peut bien entendu toujours détailler plus chaque question, en fonction des informations disponibles sur la question que l’on étudie.

En ce qui concerne Konrad Lorenz17, son influence sur la théorie de l’attachement se fit en partie via l’Anneau du Roi Salomon, qui donna l’opportunité à Bowlby de poser des bases scientifiques à sa théorie au départ bien ancrée dans la psychanalyse. John Bowlby vit en effet dans la discipline émergente à l’époque qu’était l’éthologie une méthodologie naturaliste et évolutionnaire applicable à la relation mère-enfant.

Konrad Lorenz (1903-1989)

Bien d’autres éthologues, parmi lesquels Robert Hinde18, Eckhard Hess19 et Eric Salzen20 ont beaucoup apporté à la théorie de l’attachement.

Le développement et la neurobiologie de l’attachement chez l’enfant.

De nombreux travaux commencent à documenter comment le cerveau humain forme un attachement à l’autre, avec un focus d’abord porté sur la création de lien entre adultes et dans l’amour romantique. D’autres travaux portant sur l’attachement dans d’autres espèces animales se sont concentrés sur les enfants et les adultes. Ils ont permis de mieux comprendre les bases des fonctionnements cérébraux au niveau moléculaire et cellulaire.

Les nourrissons humains montrent les signes comportementaux d’attachement envers leur caregiver dans les minutes qui suivent la naissance. Cela se produit en dépit du changement d’environnement, passant d’une vie intra-utérine à un monde rempli de stimuli nouveaux, divers et variés. Il semble que l’évolution a façonné le comportement social et comportemental de l’enfant afin qu’il apprenne à maintenir une proximité envers le caregiver au travers de ce processus d’attachement. Le caregiver est donc la cible privilégiée pour des comportements sociaux et des comportements recherchant la proximité. Le caregiver procure alors nourriture, protection et chaleur.

Nous savons depuis quelques années qu’il y a une corrélation d’activité neuronale dans l’amour maternel et dans l’amour romantique, ce qui implique un système partagé par ces deux attachements que l’on juge socialement différents. Les régions activées, connues pour contenir une grande densité de récepteurs pour l’ocytocine et la vasopressine, font partie du système de récompense. De plus, susciter les deux formes d’attachements chez les mères participant à l’étude a permis de supprimer l’activité cérébrale de régions impliquées dans l’expression d’émotions négatives ainsi que dans des régions associées avec le jugement social. Cela suggère qu’avoir un lien émotionnel fort avec une personne inhibe nombre d’émotions négatives mais aussi notre capacité à la juger.21 Un papier22 plus récent vient appuyer ces résultats, tandis qu’un autre23 nous en apprend un peu plus sur les changements dans le fonctionnement même du cerveau des parents après qu’ils commencent à s’occuper de leurs enfants. En effet, des réorganisations structurelles se produisent au niveau de l’hippocampe et du cortex préfrontal, autant chez les pères que chez les mères.

De plus, lorsque l’on fait écouter à des mères, dans un espace contrôlé, des cris d’enfants, certaines zones cérébrales sont mobilisées, notamment le thalamus cingulaire, le cortex préfrontal médian et le cortex orbitofrontal droit.24 Une autre étude25, utilisant aussi l’imagerie cérébrale, se sert de vidéos afin d’observer les réactions cérébrales des mères. Par rapport à l’étude précédemment citée et la méthode employée (son d’abord, images ensuite), l’activité cérébrale observée concernait l’amygdale, le cortex visuel, le cervelet et le cortex temporal antérieur droit. La conclusion retient que c’est surtout l’activité de l’amygdale et du lobe temporal antérieur droit qui aurait une importance dans l’interaction mère-enfant.

Une étude26 sur les conséquences des stimuli émis par le nourrisson dans le cerveau du parent montre l’activation des circuits qui poussent à l’action chez le parent, notamment des systèmes émotionnels et d’alerte dans les zones limbiques qui régulent les comportements habitués. Le même chercheur et son équipe ont aussi publié un papier montrant l’importance des premières interactions parents-enfants27, interactions qui ont une influence majeure sur le comportement actuel et futur de l’enfant. De plus, ils comparent l’attachement entre parents et enfants à l’attachement romantique, comme nous l’avons vu plus haut, et parlent de lien intense, sous une forme presque addictive dirigée vers des personnes particulières, mettant en avant la singularité de l’attachement qui lie deux personnes. Une autre étude28 montre que la substance grise périaqueducale a un rôle important dans les comportements d’attachement mère-enfant.

Il a été trouvé dans des expériences sur des rats29 que la continuité des comportements maternels reposait sur la noradrénaline, si bien que l’exposition post-partum (le fait d’être en contact après la naissance) du rat qui était suivie par un blocage de la noradrénaline était moins efficace dans la promotion d’un comportement maternel au long terme qu’une exposition suivie d’une injection de placebo. D’un autre côté, l’administration d’un agoniste de la noradrénaline suivant l’exposition post-partum augmentait l’effet de cette exposition sur les comportements maternels à long terme (en les renforçant).30 Les odeurs ont elles aussi une importance toute particulière dans les premiers moments de la vie. L’olfaction participe à la coordination mère-enfant et au développement de celui-ci.31

La neurobiologie de l’attachement32 laisse supposer que les molécules les plus prégnantes dans les comportements d’attachement et leur renforcement sont l’ocytocine et la dopamine, même si, comme souvent, les choses sont bien plus complexes que cela et impliquent bien d’autres neurotransmetteurs et hormones, comme la noradrénaline. Cependant, comme la faim est associée à la ghréline et la satiété à la leptine, il n’est pas absurde d’associer certains comportements à l’action de certaines molécules, comme ici l’attachement et l’ocytocine de concert avec la dopamine. En effet, nous avons vu dans cet article et dans certaines sources partagées ici-même, que le lien social et l’attachement sont fortement associés à l’ocytocine et dans une moindre mesure la vasopressine.

De plus, la dopamine est bien connue pour renforcer des comportements, notamment dans le cadre des addictions ou bien dans l’apprentissage de certaines peurs via l’amygdale.33 Enfin, cette étude34 met en avant que chez tous les mammifères, la relation et le lien entre les individus sont issus de mécanismes hormonaux, de mécanismes de récompense et de reconnaissance sensorielle avec l’utilisation en majorité de l’odorat, de la vue et du toucher. L’étude met l’accent sur l’action de la dopamine et de l’ocytocine, mais aussi des opioïdes.

L’exemple de la Roumanie.

Que se passe-t-il quand tout va mal – ni mère ni famille, peu ou pas d’interactions sociales, des négligences qui mènent à un abandon des facultés sensorielles et cognitives, et une malnutrition ? On commence à en avoir une idée.

Cette description colle parfaitement avec les enfants en institutions dans la Roumanie des années 1980, représentant absolument tout ce qui peut aller mal dans la vie d’un enfant. Le dictateur Nicolae Ceaușescu a banni les contraceptifs et l’avortement durant sa dictature, et requérait des femmes qu’elles aient au moins cinq enfants. Les institutions roumaines se sont vues rapidement remplies d’enfants abandonnés par des familles pauvres, qui parfois cherchaient à les récupérer lorsque leur situation financière s’améliorait.

Les enfants étaient alors massés dans des institutions bondées et surpeuplées, ce qui provoqua des négligences sévères et des privations de nourriture, de biens matériels et d’affection. Cette histoire terrible a fini par être sue après le soulèvement contre le dictateur roumain en 1989. Beaucoup des enfants furent adoptés par des occidentaux, et une attention internationale toute particulière a permis d’améliorer les institutions roumaines qui accueillent les enfants. Nous devons beaucoup de recherches et de papiers sur la question à Charles Nelson de l’université d’Harvard.

Une fois devenus adultes, beaucoup de ces enfants sont devenus ce à quoi on peut s’attendre dans de telles conditions. Un QI peu élevé, des compétences cognitives et des fonctions exécutives affaiblies35, une moins bonne maitrise des émotions36, des problèmes pour créer du lien social, parfois avec des attitudes et comportements que l’on qualifie d’autistiques, des problèmes d’anxiété et de dépression, une régulation plus difficile de l’axe HPA37. Plus longtemps les enfants étaient en institution, plus graves sont les conséquences. De plus, la taille de leur cerveau se voyait réduite, matière grise comme blanche38, le métabolisme fronto-cortical39, la connectivité entre les différentes régions cérébrales40. Seule l’amygdale n’avait pas diminué mais au contraire augmentait de volume41.

Les études du Projet d’Intervention Précoce de Bucarest menées par Charles Nelson42 ont montré une période sensible pour l’attachement tôt dans la vie et l’unique fenêtre d’opportunité pour réparer les effets d’un environnement difficile. Une des préconisations est de préférer les familles d’accueil aux institutions dans le cas des enfants qui se retrouvent sans parents, puisque les effets sur le développement cognitif et affectif sont sans conteste bien plus avantageux au sein des familles d’accueil. Il est intéressant de savoir que plus un enfant est placé jeune en famille d’accueil, mieux on anticipe et compense les difficultés dans le développement cognitif et affectif de l’enfant.

Un papier43 montre non seulement qu’une approche basée sur les besoins de l’enfant, sur le plan affectif, est possible, mais qu’elle est souhaitable. Par rapport aux enfants placés en institutions, comme des foyers, ceux en famille d’accueil montrent une évolution bien meilleure sur le plan cognitif (évaluation du QI meilleure44), la parole, le langage, le comportement général et le développement cérébral. De plus, la famille d’accueil permet de mieux développer l’attachement sécure chez les enfants45.

Les effets du placement sur le langage sont bien retranscrits dans cette étude46 qui montre bien que plus tôt on accueille un enfant (aux alentours de deux ans maximum semble être l’idéal), plus il est possible de rattraper les « dégâts » venant des évènements passés. Enfin, un papier47 appuie de nouveau sur l’importance d’accueillir les enfants avant 2 ans et montre les effets des évènements vécus par les enfants avant le placement : altération du développement cérébral et plus grand risque de psychopathologie.

Les effets au long terme de ces études cliniques ont mis en avant la recherche par imagerie cérébrale montrant que l’adversité vécue dans l’enfance est corrélée avec un fonctionnement cérébral adulte altéré (comme je l’ai expliqué dans l’article sur les maltraitances), principalement dans le système limbique, le cortex frontal et le cervelet. Un stress trop intense vécu dès le plus jeune âge et qui se perpétue a des conséquences dramatiques sur le fonctionnement cérébral et dans les futures réponses au stress48, impacte le fonctionnement exécutif global (contrôle de l’inhibition, flexibilité cognitive, attention soutenue)49 et influence fortement l’entrée dans la dépression50. La neurobiologie du stress est étudiée depuis un certain temps51 et ses conséquences52 sont loin d’être inconnues.

Mais bien avant l’adversité vécue après la naissance, la grossesse a son importance dans le futur de l’enfant. En effet, l’exposition prénatale à la dépression maternelle implique des changements épigénétiques chez le nouveau-né et augmente ses taux de cortisol lors de réponses au stress.53 Cette même dépression, lorsqu’elle persiste au moment de la naissance et plus tard dans l’enfance, semble avoir des conséquences durables sur la structure cérébrale de l’enfant, au niveau de l’amygdale notamment.54

S’il est une connaissance majeure que l’on peut tirer de cette recherche, c’est bien le fait qu’un enfant ne nécessite pas uniquement qu’on lui procure de la nourriture et un toit pour qu’il se développe correctement. Nous pourrions approfondir, mais c’est bien d’amour dont a besoin un enfant. Cependant, c’est une certaine forme d’amour, et sûrement pas celui qui pousse un parent à frapper son enfant “pour son bien”, qui est nécessaire. Avec l’amour, c’est de chance dont nous manquons parfois, d’opportunités et d’expériences uniques permettant de construire le regard de l’enfant, c’est pour cela qu’il est utile de laisser l’enfant faire ses propres découvertes, prendre des risques, et expérimenter. Il n’est pas là question de faire un enfant roi, bien au contraire, mais de l’aider à dessiner une trajectoire dans laquelle il peut naviguer tout en pouvant se retourner et nous apercevoir prêt à l’épauler.

La théorie de l’attachement aujourd’hui.

Bowlby pensait avoir créé une nouvelle façon de décrire le comportement des nourrissons et des enfants qui était conforme à la science biologique de l’époque.

Comme le dit Mary Ainsworth,

La grande force de la théorie de l’attachement pour orienter la recherche est qu’elle se concentre sur un système de comportement de base, le système comportemental de l’attachement, qui est biologiquement enraciné et donc caractéristique de l’espèce. Cela implique une recherche des processus de fonctionnement de base qui sont universels dans la nature humaine, malgré les différences attribuables à la constitution génétique, aux influences culturelles et à l’expérience individuelle55 (Ainsworth, 1989).

Bowlby, cependant, n’était pas un scientifique de base. Il s’est appuyé sur les théories scientifiques et les témoignages d’autres personnes à l’époque pour fournir le mécanisme sous-jacent aux comportements d’attachement. Le problème pratique consistant à trouver un moyen d’identifier et de mesurer le système de comportement d’attachement a été confié à Ainsworth, affiné plus tard par Mary Main.

Styles d’attachement et leur origine.

Aujourd’hui, le concept d’attachement de Bowlby et le système de codage du comportement d’attachement d’Ainsworth sont la méthode acceptée par la majorité des psychologues chercheurs pour catégoriser le comportement des nourrissons et des enfants. Le concept d’attachement de Bowlby décrit un système individuel de comportement distinct de celui de la mère. Il stipule que la relation mère/enfant ne doit pas nécessairement être réciproque et que la mère doit servir de base sûre à partir de laquelle l’enfant se déplace en fonction de ses priorités1. Cependant, le champ de recherche de l’attachement a eu du mal à associer les catégories à des corrélats physiologiques afin de fournir une explication simple des différences des quatre comportements d’attachement. Les mécanismes, lorsqu’ils sont proposés, ont tendance à être comportementaux56, ou basés sur la cognition et compliqués57.

Bien que des tentatives récentes notables aient été faites pour réviser la théorie de l’attachement afin de s’aligner sur les preuves croissantes qui la remettent en question58, le concept d’attachement reste fermement ancré dans les hypothèses selon lesquelles le comportement émotionnel est contrôlé au sein de l’organisme individuel par l’autorégulation et soumis au contrôle cortical. Les études d’imagerie cérébrale cherchent à associer les fonctions cérébrales au style d’attachement59, ou en abandonnant les quatre types d’attachement annoncés et en divisant simplement les sujets entre attachement sécurisant et insécurisant60. Il est intéressant de noter que les chercheurs qui étudient les mécanismes dans la période néonatale ont commencé à se concentrer sur l’association entre la fonction cardiaque et l’attachement61. Néanmoins, le concept d’attachement n’a pas réussi à fournir un outil pratique pour les cliniciens62. Les méthodes de codage de l’attachement nécessitent une formation substantielle, sont longues et coûteuses à administrer, et ne sont pas évolutives en tant qu’outil clinique.

Que l’on soit d’accord ou non avec cette critique de la théorie de l’attachement, force est de constater que cette théorie n’a pas été la découverte révolutionnaire souhaitée par de nombreuses personnes y compris Bowlby. Sa théorie n’a pas non plus tenu sa promesse de répondre à l’appel de Freud en faveur d’un mécanisme sous-jacent au comportement émotionnel. Plus important encore, comme Hofer et d’autres l’ont noté, l’attachement en tant que système motivationnel unique n’a pas donné lieu à une hypothèse simple et vérifiable63. Quoi qu’il en soit, la dépendance de Bowlby à l’égard de la biologie analytique, de la théorie des gènes et de la théorie du contrôle a produit une vision de plus en plus complexe et opaque des principes de base qui régissent le comportement émotionnel mère-enfant.

Il paraît donc maintenant important de noter qu’il est nécessaire de prendre du recul sur cette théorie encore bien présente dans les écoles et universités. La compréhension du comportement humain est régulièrement mise à jour, et les auteurs d’une étude de 201964 nous le montrent bien avec leur théorie du cycle d’apaisement et leur théorie de la connection émotionnelle. Un prochain article s’y penchera afin de pouvoir comparer avec la théorie de l’attachement.

Ils montrent notamment que ce sont des recherches en psychologie et sur le système nerveux central qui ont principalement mené à la théorie de l’attachement, tandis que ce sont des recherches en physiologie et sur le système nerveux autonome qui ont mené à leurs deux théories.

Diagramme montrant le développement contrasté des théories liées aux dilemmes des instincts et du contrôle du rythme cardiaque depuis Darwin. À gauche, on trouve les théories menant à la construction comportementale de l’attachement. À droite, les théories menant à la construction comportementale de la connexion émotionnelle. Les deux côtés mettent en évidence des arguments scientifiques et des conflits théoriques dans de multiples domaines, comme l’indique le tableau suivant
Comparaison des théories soutenant l’attachement et le lien émotionnel par catégorie.


[1] Bowlby, J. (1969). Attachment and loss, Vol 1. Attachment. London: Hogarth Press.

Bowlby, J. (1973). Attachment and loss, Vol 2. Separation: Anxiety and anger. London: Basic Books.

Bowlby, J. (1980). Attachment and loss, Vol 3. Loss, Sadness, Depression. New York: Basic Books.

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