Fergusson, D. M., & Boden, J. M. (2008). Cannabis use and later life outcomes. Addiction, 103(6), 969–976. doi:10.1111/j.1360-0443.2008.02221.
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Introduction.
Ces dernières années, les effets de la consommation de cannabis sur la santé et le bien-être des jeunes ont suscité des préoccupations et des débats croissants. Ces inquiétudes ont été motivées par des preuves de l’augmentation de la consommation de cannabis chez les jeunes, des changements dans la nature et la puissance du cannabis et par des preuves croissantes liant le cannabis à des problèmes de santé mentale et autres. Bien que le rôle du cannabis dans l’encouragement des problèmes psychosociaux chez les jeunes reste controversé, il existe de plus en plus de preuves, tant au niveau de l’épidémiologie que des neurosciences, que le cannabis pourrait être plus nocif qu’on ne le pensait auparavant.
Discussion.
Les résultats de la présente étude sont cohérents avec un ensemble croissant de preuves qui ont soulevé des inquiétudes quant à la mesure dans laquelle la consommation de cannabis peut avoir des conséquences psychosociales néfastes qui vont d’un risque accru de maladie psychotique à un risque accru de dépression et d’autres maladies mentales, en passant par un risque accru de consommation d’autres substances illicites. Ces résultats récents remettent fortement en question l’idée que le cannabis est une drogue relativement inoffensive et suggèrent que l’usage intensif du cannabis peut avoir de multiples conséquences néfastes. Bien qu’il ait été suggéré que ces associations puissent être expliquées par une confusion résiduelle, il est remarquable que malgré les efforts considérables de contrôle statistique dans un nombre croissant d’études, il n’a pas été démontré que c’était le cas. D’autre part, il convient également de noter qu’un grand nombre de personnes de la cohorte actuelle qui ont consommé du cannabis ont subi très peu de conséquences négatives, et que les résultats pour ceux qui ont consommé du cannabis avec modération (moins de 100 fois) ne différaient pas sensiblement de ceux qui n’en ont pas consommé du tout. Les résultats de la présente étude suggèrent que le risque d’effets indésirables augmente progressivement avec le niveau de consommation de cannabis.
Ces résultats sont, bien entendu, soumis à un certain nombre de limitations. Premièrement, elles rendent compte des expériences d’un groupe particulier d’individus nés à une époque spécifique et élevés dans un contexte social spécifique. Deuxièmement, les résultats sont basés sur des données autodéclarées, et seront donc sujets à des erreurs de déclaration et de réminiscence. Troisièmement, comme indiqué plus haut, les résultats peuvent être soumis à des facteurs de confusion résiduels. Quatrièmement, il est également possible que la présente étude ait sous-estimé l’ampleur de la consommation de cannabis, en particulier pour ceux qui en consomment le plus fréquemment, ce qui suggère que les estimations présentées ici peuvent être quelque peu conservatrices par nature. Néanmoins, dans le cadre de ces limites, les résultats de la présente étude suggèrent que la consommation croissante de cannabis à l’adolescence peut entraîner un désavantage éducatif, économique et personnel à plus long terme chez les jeunes adultes.