Drug Alcohol Depend. 2009 September 1; 104(0): 147–155. doi:10.1016/j.drugalcdep.2009.04.016.
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Résumé
De nouvelles estimations du risque de devenir dépendant d’un stimulant dans les 24 mois suivant la première utilisation extra-médicale (EM) d’un composé médicamenteux stimulant sont présentées, en mettant l’accent sur les variations de ce risque dans les sous-groupes (par exemple, la dépendance à l’alcool, les différences entre hommes et femmes). Les estimations de l’étude sont tirées d’un échantillon représentatif de résidents des États-Unis âgés de 12 ans et plus (n = 166 737) obtenu à partir des enquêtes nationales sur la consommation de drogues et la santé de 2003 à 2005. Au total, 1 700 répondants ont consommé des stimulants par voie extra-médicale pour la première fois dans les 24 mois précédant l’évaluation. Environ 5 % de ces utilisateurs de SE récents étaient devenus dépendants aux stimulants depuis le début de leur utilisation de SE. Comme on le supposait, les cas de dépendance à l’alcool se sont avérés avoir un risque excessif de devenir dépendants aux stimulants peu de temps après le début de la consommation de stimulants ; il n’y avait pas de différence marquée entre les hommes et les femmes en matière de risque. Indépendamment, les initiés qui avaient consommé plusieurs types de stimulants de façon extra-médicale, et les consommateurs de méthamphétamine, étaient plus susceptibles de devenir dépendants des stimulants peu après le début de leur consommation ; en comparaison, les utilisateurs de méthylphénidate (Ritalin®) étaient moins susceptibles de développer une dépendance à début rapide. Ces résultats épidémiologiques aident à quantifier un fardeau de santé publique continu associé aux nouveaux débuts de l’utilisation extra-médicale de stimulants au 21e siècle.
Résultats
Au sein de l’échantillon de l’étude, un total non pondéré de 1 700 répondants avaient commencé à consommer des stimulants extra-médicaux pour la première fois dans les 24 mois précédant l’évaluation de l’entrevue (soit 1,0 % de l’échantillon total de 166 737 personnes). Comme le montrent les tableaux 1 et 2, en tenant compte des poids d’échantillonnage et des facteurs d’ajustement post-stratification, nous pouvons estimer que 0,4 % de la population de l’étude NSDUH 2003-2005 était qualifiée de consommateur de stimulants extra-médicaux ayant débuté récemment (intervalle de confiance à 95 %, IC = 0,0038, 0,0045). Si l’on applique ces estimations à la population américaine âgée de 12 ans et plus, on peut estimer qu’environ un million de personnes (910 000-1 100 000) ont commencé à consommer des stimulants EM pendant cette période.
En ce qui concerne le risque de transition assez rapide (dans les 24 mois) entre le début de la consommation de stimulants EM et le développement complet d’un syndrome clinique de dépendance aux stimulants selon le DSM-IV (tableau 2), l’estimation de l’étude est de 4,9 %, c’est-à-dire qu’elle n’est pas très éloignée des estimations de 5 % à 6 % que nous avons rapportées précédemment concernant la transition entre la première consommation de cocaïne et l’apparition rapide de la dépendance à la cocaïne (O’Brien et Anthony, 2005). Le tableau 2 présente cette estimation, ainsi que d’autres estimations relatives à la consommation de drogues des consommateurs de stimulants de l’EM.
Comme indiqué dans la section 1, l’une des principales hypothèses de cette étude concernait la possibilité que les personnes ayant une dépendance récente à l’alcool puissent passer plus rapidement à la dépendance aux stimulants une fois la consommation de stimulants EM commencée, par rapport aux personnes sans dépendance récente à l’alcool. Comme nous le verrons plus en détail ci-dessous, les données de l’étude confirment cette association hypothétique : on estime que 3,3 % de la population étudiée étaient des cas de dépendance à l’alcool ; en comparaison, on estime que 16 % des utilisateurs de stimulants EM étaient dans ce cas (tableau 2). Avec ou sans ajustement des covariables via une régression logistique multiple, les consommateurs de stimulants EM dépendants de l’alcool étaient environ 3 à 4 fois plus susceptibles de devenir dépendants des stimulants dans les 24 mois suivant le début de la consommation de stimulants EM, par rapport aux autres consommateurs de stimulants EM (Tableau 3 : estimation du risque relatif non ajusté et pondéré, uRRw = 3. 2 ; intervalle de confiance à 95%, IC = 1,7, 6,0 ; p < 0,01 ; Tableau 4 : estimation du RR pondéré et ajusté aux covariables, aRRw = 3,4 ; IC à 95% = 1,8, 6,6 ; p < 0,001).